8:383 383 QUATRE SERMONS. 384 veu qu'il avoit moyen d'eschapper. Mais il nous convient plustost tenir au tesmoignage du sainct Esprit, lequel loue sa constance. Si on ne fait point mal en idolatrant pour eviter la rage des Papistes, celuy qui sera macquereau de son maistre n'offensera point. Un homme sera excuse quand il empoisonnera son prochain ou qu'il fera quelque trahison pour crainte d'offenser celuy auquel il est subiect. C'est trop insiste sur cest article-la auquel, comme i'ay dict, il n'y a nulle difficulte ne scrupule. Mais il est bon qu'on veoye en quelle confusion tombent ceulx qui par leurs finesses cuident eschapper du iugement de Dieu. Il y en a qui usent auiourd'huy d'une autre eschappatoire; car en confessant que c'est une chose detestable de se mesler avec les idolatries des Payens, ils ne veulent pas que cela s'estende aux superstitions de la Papaulte. Comme si toutes les impietez des Payens n'avoyent pas este corruptions du vray service de Dieu. D'ou est-ce, ie vous prie, que Ies Payens ont tire toutes leurs ceremonies, sinon des saincts Peres? Le mal a este qu'ils ont abastardi ce qui estoit bien institue de Dieu. Tant y a que toutes les abominations qui ont iamais este au monde ont eu ceste belle couverture du nom de Dieu et de religion; mais cela n'a pas fait qu'elles fussent pourtant iustifiees, ne que les fideles y peussent participer. Passons oultre. Combien que i'accorde a ceulx yci qu'il y ait difference entre l'idolatrie des Papistes et celle des Payens du temps passe, si est-ce qu'ils ne pourront pas nier que Dieu n'ait aussi estroictement defendu au peuple ancien l'idolatrie de Bethel comme des pais [f. ll] estranges. Quand les veaux sont dressez en Dan et en Bethel, c'est soubs couleur du nom de Dieu, voire de celuy qui a retire son peuple d'Egypte. Mais pource que le service qui la est establi repugne a la doctrine de la Loy, Dieu condamne tous ceulx qui s'iront la polluer. Ce sont choses bien autant incompatibles, la Cene de Iesus Christ et la Messe papale, comme les sacrifices de Moyse et de Ieroboam. Parquoy, d'ou viendra ceste dispense, d'aller a la Messe, soubs ombre que c'est un desguisement de la Cene de Iesus Christ? Au contraire, ie di que ceulx qui craignent vrayement Dieu la doibvent avoir en double detestation, puis qu'elle profane plus ouvertement la saincte ordonnance du Fils de Dieu, que si elle n'estoit pas dressee ainsi a l'opposite d'icelle. Tenons donc en somme ceste reigle, que toutes inventions humaines qui sont dressees pour corrompre la simple purete de la parolle de Dieu, et renverser le service qu'il demande et approuve, sont vrais sacrileges, ausquels l'homme Chrestien ne peut participer qu'en blasphemant Dieu, c'est a dire en foulant son honneur aux pieds. Ie scay combien ceste rigueur semble dure et insupportable