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SERMON
VI.
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poursuivre,
que
nous
ne
rendions
point
le
mal.
Contentons
nous
que
Dieu
nous
approuve,
et
remettons-
nous
a
son
iugement
:
car
c'est
luy
qui
est
nostre
iuge,
et
de
ceux
aussi
qui
nous
calomnient,
voila
ce
que
nous
avons
a
noter
du
coste
de
Daniel.
Cependant
ceci
merite
bien
aussi
d'estre
pese,
qu'en
un
tel
estat
il
chemine
si
entierement,
qu'on
ne
trouve
nulle
occasion
contre
luy:
cela
est
bien
difficile.
Regardons
un
peu
ceux
qui
sont
auiourd'hui
en
charge
publique,
comment
ils
s'y
portent.
Il
y
ha
un
proverbe
ancien,
que
les
dignites
monstrent
quels
sont
les
hommes.
Quand
un
homme
sera
en
son
prive,
a
grand'
peine
pourra
on
connoistre
quel
il
est,
mais
s'il
est
une
fois
esleve
en
dignite,
on
connoistra
s'il
y
ha
quelque
vice
en
luy,
la
raison?
Celuy
qui
est
ainsi
en
honneur,
chacun
ha
l'oeil
sur
luy,
on
le
connoist
de
loing,
ou
auparavant
on
ne
le
connoissoit
pas:
ainsi
quand
il
y
aura
du
mal,
et
quelque
vice
cache,
il
sera
descouvert,
d'autre
part
il
y
aura
des
tentations
grandes.
Si
un
homme
ha
seulement
une
maison
a
gouverner,
et
bien
il
ne
sera
point
assailli
de
grandes
tentations,
mais
ceux
qui
sont
en
charge
publique,
qui
ont
de
grandes
choses,
et
de
consequence,
a
conduire
et
gouverner,
seront
assaillis
de
tous
costes,
et
puis
on
se
voudra
aider
et
servir
d'eux
pour
faveurs,
pour
trahisons,
et
autres
choses,
on
leur
voudra
faire
des
requestes
iniustes
et
illicites,
qu'ils
seront
tous
esbahis,
qu'ils
se
trouveront
surprins,
sans
qu'ils
y
aient
pense,
bref,
on
voit
qu'il
y
ha
de
terribles
tentations,
pour
ceux
qui
sont
ainsi
en
grande
charge,
et
d'autant
plus
avons
nous
a
priser
Daniel,
quand
il
dit
qu'aiant
ce
gouvernement,
voire
sur
une
si
grande
monarchie,
car
voila
six
vingts
gouverneurs
qui
sont
establis
par
le
Roy
Darius,
et
trois
qui
ont
preeminence
sur
tout
le
reste,
et
sur
les
trois
est
Daniel.
Voici
donc
un
grand
gouverneur,
voire
comme
un
Roy
de
Chaldee
et
d'Assirie,
et
toutesfois
il
chemine
en
telle
sorte,
que
quand
on
l'aguette
de
tous
costes,
on
ne
trouve
que
redire
en
luy.
Nous
voions
donc
les
deux
choses
que
i'ay
touchees,
c'est
a.
scavoir
que
Daniel
n'appete
pas
une
telle
charge,
et
ne
le
cerche
point
pour
estre
prise
des
hommes.
Pourquoy?
il
voit
la
malice
et
ingratitude
du
monde,
et
cependant
il
ne
laisse
point
de
poursuivre,
voire
d'autant
qu'il
veut
servir
a
Dieu,
et
qu'il
connoist
que
de
tout
ce
qu'il
aura
fait
en
cet
estat
la,
qu'une
fois
il
aura
a
en
rendre
compte
devant
le
grand
Iuge
celeste,
et
cependant
nous
voions
aussi
comme
il
est
conduit
de
l'esprit
de
Dieu,
quand
il
resiste
ainsi
a
toutes
les
tentations
qui
luy
pouvoient
avenir,
car
il
n'y
ha
nulle
doute
qu'en
un
tel
estat
il
ne
peust
faire
beaucoup
de
choses,
qui
n'eussent
este
gueres
bien
faites,
et
toutesfois
il
chemine
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