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qu'il
y
ha
un
blaspheme
execrable
contenu
en
ce
decret
ici,
qu'on
ne
face
requeste
ni
a
Dieu,
ni
a
homme,
par
l'espace
de
trente
iours,
sinon
au
Roy.
Qu'est-ee
a
dire
qu'un
Roy
se
vueille
attribuer
une
telle
maieste,
que
Dieu
ne
soit
plus
rien?
Faut-il
qu'il
presume
seulement
de
penser,
ie
serai
prie,
et
non
pas
Dieu,
et
pauvre
malheureux,
pauvre
ordure,
regarde
a
toy-mesmes,
peux-tu
subsister
une
minute
de
temps,
que
tu
n'aies
recours
a
Dieu?
qui
est-ce
qui
te
maintient?
Qui
fust
venu
dire
au
Roy
Darius
:
Vous
defendes
qu'on
ne
prie
point
Dieu,
et
vous
en
pouves-vous
passer
vous-mesmes?
Vostre
vie
est
elle
de
vous?
ne
faut-il
point
que
vous
pries
a
Dieu
qu'il
vous
maintienne,
ou
autrement
vous
perires
en
un
instant.
Il
est
certain
qui
eust
ainsi
parle
a
Darius,
qu'il
eust
confesse
cela
estre
veritable,
car
il
estoit
bon
prince,
il
prisoit
et
honoroit
le
Dieu
d'Israel,
il
est
vrai
qu'il
avoit
bien
quelque
ambition
qui
le
transportoit,
apres
avoir
preste
l'aureille
aux
flatteurs
qui
le
pouvoient
divertir
du
droit
chemin,
mais
si
avoit-il
quelque
semence
de
crainte
de
Dieu,
et
de
foy,
et
cependant
il
est
la
transporte
de
ces
flateries
qu'on
luy
fait,
quand
on
luy
donne
a
entendre,
qu'il
faut
qu'il
defende
qu'on
ne
prie
nul
Dieu,
ni
homme,
et
qu'il
s'attribue
toute
autorite
et
toute
maieste,
comme
s'il
pouvoit
arracher
Dieu
de
son
siege,
pour
dire
ie
demourerai
la
seul:
voila
une
merveilleuse
presomption
quand
il
est
amene
iusques
la,
il
faut
bien
qu'il
soit
saisi
d'une
terrible
rage.
Or
toutesfois
quand
nous
aurons
bien
tout
regarde,
l'intention
de
Darius
n'eust
point
este
telle,
si
on
ne
luy
fust
venu
souffler
aux
oreilles
que
cela
se
feist,
car
comme
il
estoit
un
bon
prince,
il
est
certain
qu'il
vouloit
donner
gloire
a
Dieu,
et
non
point
aux
idoles
qu'il
avoit
adorees
tout
le
temps
de
sa
vie,
mais
qu'il
adoroit
le
Dieu
d'Israel,
et
toutesfois
il
s'accorde
et
permet
que
pour
un
temps
la
maieste
de
Dieu
soit
comme
ensevelie,
et
que
luy
soit
mis
comme
en
la
place
de
Dieu,
pour
luy
presenter
toutes
les
requestes
qu'on
aura
a
faire,
qui
est
un
blaspheme
execrable
(comme
desia
nous
avons
dit)
et
c'est
un
passage
qui
est
bien
digne
d'estre
note,
car
a
tous
les
coups,
les
princes
feront
des
statuts,
et
des
edicts,
pour
maintenir
leur
autorite,
et
cependant
ils
desrogueront
a
la
maieste
de
Dieu,
un
prince
fera
une
loy
pour
s'entretenir
en
sa
grandeur,
et
il
ne
regardera
pas
cependant
si
Dieu
est
abaisse
ou
non,
s'il
est
diminue
en
rien
qui
soit
de
l'honneur,
de
la
reverence
que
luy
doivent
tous
hommes,
et
grans
et
petis.
Il
est
vrai
qu'il
faut
bien
que
les
princes
soient
maintenus
ea
leur
autorite,
et
qu'on
leur
porte
telle
reverence
qu'il
leur
appartient,
mais
il
faut
aussi
que
de
leur
coste
ils
tiennent
mesure,
et
sur
tout
qu'ils
ne
facent
et
n'ordonnent
rien
qui
contrevienne
a
la
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