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37
SUR
LE
DEUTER.
CHAP.
XXII.
38
question
d'avoir
une
rigueur
barbare,
tellement
que
les
hommes
soyent
privez
de
ce
que
Dieu
leur
donne:
mais
seulement
reprimons
nos
convoitises,
et
que
nous
advisions
bien
ce
que
Dieu
nous
permet,
pour
aller
iusques
la,
et
ne
passons
point
plus
outre,
quand
nous
voyons
qu'une
chose
ne
nous
est
point
licite
selon
Dieu.
Or
nostre
Seigneur
nous
commande
d'avoir
simplicite:
ii
s'ensuit
donc
que
tous
meslinges
et
desguisemens
sont
tousiours
mauvais:
ce
sont
autant
de
vices
que
Dieu
reprouve.
Et
si
cela
se
cognoist
au
boire
et
au
manger,
encores
plus
aux
accoustremens.
Ie
vous
prie,
comment
en
est-on
auiourd'huy?
Il
est
vray
que
desia
des
long
temps
ce
vice
a
regne
aux
hommes:
et
ce
n'est
point
sans
cause
que
l'Escriture
saincte
en
parle:
mais
si
est-ce
auiourd'huy
plus
que
iamais.
Le
Prophete
Isaie
parlant
des
accoustremens
des
femmes,
pource
qu'elles
estoyent
si
curieuses
a
s'attiffer,
qu'elles
avoyent
tant
de
menus
bagages:
il
debchiffre
tout
comme
s'il
avoit
fait
les
inventaires
des
cabinets,
qu'il
ne
laisse
nulle
piece
qu'il
ne
la
declaire
depuis
le
sommet
de
la
teste,
tous
ces
affiquets,
toutes
ces
finferluches,
iusques
a
la
plante
des
pieds:
et
dit
que
Dieu
saura
bien
faire
une
reformation
violente,
d'autant
qu'elles
estoyent
rusees
par
trop,
et
que
ce
mal-la
ne
pouvoit
estre
gueri.
Mais
auiourd'huy
on
le
voit
plus
que
iamais,
et
nulle
variete
ne
contente
les
hommes,
c'est
tousiours
a
recommencer,
qu'on
inventera
et
ceci
et
cela
sans
qu'il
y
ait
iamais
fin.
Et
qui
en
est
cause,
sinon
que
nous
monstrons
bien
que
nous
n'avons
gueres
de
soin
de
nos
ames,
quand
les
corps
nous
occupent
ainsi,
et
que
nous
laissons
nos
ames
rouillees,
quand
nous
cerchons
par
nos
folles
convoitises
tant
de
belles
parures,
et
tant
d'inventions
pour
nous
monstrer
selon
le
monde?
Or
donc
notons,
que
toutes
ces
curiositez
declairent
que
les
hommes
et
les
femmes
despittent
Dieu,
pource
qu'ils
ne
se
peuvent
tenir
en
cest
ordre
de
nature,
qui
est
la
vraye
reigle:
et
par
consequent
ils
polluent
l'usage
de
ses
creatures.
Et
ainsi,
il
ne
se
faut
point
arrester
aux
filets
dont
les
robes
seront
tissues,
pour
dire,
Dieu
a
defendu
d'avoir
robes
de
laine
et
de
lin
:
mais
cognoissons
que
nostre
Seigneur
a
voulu
qu'il
y
eust
une
facon
simple
et
naifve
en
nos
accoustremens,
et
qu'il
n'y
eust
point
tant
de
fanfares
pour
desguiser
les
choses,
et
pour
chercher
des
paremens
superflus.
Car
quand
cela
est,
c'est
comme
si
on
venoit
mettre
confusion
en
un
mesnage.
Voila
un
mesnage
qui
sera
bien
ordonne:
et
si
quelcun
venoit
renverser
pots
et
plats,
et
qu'il
meslast
les
linceux
parmi
les
nappes
et
serviettes,
tellement
que
tout
fust
la
confus,
que
seroit-ce?
Ainsi
en
est-il
quand
nous
ne
pouvons
tenir
mesure,
pour
appliquer
a
nostre
usage
ce
que
Dieu
nous
a
donne:
voire,
donne
a
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