21:37 37 PAR THEODORE DE BEZA lieu ou il ait converse. Il a vescu environ neuf ans en mariage en toute chastete. Sa femme estant decedee il a demeure en viduite l'espace d'environ seize ans et iusques a la mort. En tout ce temps-la qui a iamais apperceus le moindre signe du monde d'une telle et si indigne tache? Et qui eust este la vilaine si effrontee qui eust ose penser a [f. 7. page 35] regarder sans vergongne un tel front si venerable, et tesmoignant aux hommes qui le regardoyent toute purete et gravite ? qui a este plus rigoureux ennemi de toute paillardise? Il est vray que le Seigneur l'a exerce sur ce faict en des personnes qui le touchoyent de pres. Il est encores pis advenu en la maison de Iacob et de David qu'a celuy dont nous parlons, et d'une facon trop plus estrange. Mais qu'a gagne Satan en cest endroit sur ce fidele serviteur de Dieu, sinon honte et vergongne contre soy-mesmes au dernier iour devant le siege du fils de Dieu, et des maintenant contre ceux qu'il a attitrez pour en tirer occasion de scandale? Les paillardises, adulteres et incestes sont choses tenues pour passe-temps et exercices de ces malheureux, tellement que l'un des plus grands scandales qu'ils trouvent es Eglises reformees, c'est qu'on y punit les paillards et adulteres. Cependant s'il s'est trouve quelque tel scandale au milieu de nous, encores qu'il soit rigoureusement puni, ils ont la gorge ouverte pour nous accuser: en quoy faisant, s'ils disoyent vray, que feroyent-ils autre chose que nous blasmer de ce que nous leur ressemblerions ? Mais sans entrer en ces discours il faut, vueillent ou non, qu'ils confessent que les larrons ne s'assemblent point la ou sont les [page 36] potences, et que pour vaquer a telles choses il faudroit plustost demeurer avec ceux-la ou tel crime est vertu. Pour revenir a mon propos, il se trouvera que ce fidele serviteur de Dieu a monstre un singulier exemple a tous les hommes du monde de condamner ce vilain et puant vice tant en eux-mesmes qu'en autruy, attendu que quand il s'en est trouve de coulpables il n'a eu sans aucune acception de personnes esgard quelconques qu'a Dieu et a son Eglise, et ne di rien en ceci dequoy tout le monde ne porte un vray tesmoignage devant Dieu. Il y en a eu d'autres qui Font appele irreconciliable, cruel, et mesmes sanguinaire, ce qu'aucuns ont voulu moderer en l'appelant seulement trop severe. La defense est bien aisee, Dieu merci, et ne seroit necessaire n'estoit qu'il est bon que les uns soyent reprins de leur perversite et les autres advertis de leur ingratitude envers Dieu. I'ay dit au commencement ce que ie di encores, c'est qu'il n'eut iamais ennemi que ceux qui ne l'ont pas cognu ou qui ont fait guerre ouverte a Dieu. I'allegueray pour tesmoignage de cela une preuve plus que suffisante, c'est qu'a grand peine se trouvera-il homme