28:36 quant au boire et au manger: c'est que les hommes se contentent tellement de ce qu'ils ont, qu'estans nourris ils puissent recognoistre: Voici nostre Dieu qui a regarde a nostre pasture, et nous le pouvons bien contempler pere envers nous, quand il monstre une telle solicitude qu'il a de nostre vie. Que donc les hommes advisent de n'estre point enyvrez en leurs delices, et en telle variete que leurs sens soyent la abrutis: mais que tousiours ils tendent a Dieu. Or le semblable doit estre aussi bien en nostre vesture. Il est dit: Qu'on ne sera point vestu de nulles diversitez (en somme). Cela est pour monstrer, que nous devons tenir le plus qu'il est possible toute sobriete aussi bien en nos vestemens qu'au boire et au manger. Car si les hommes sont accoustrez ainsi de diverses parures, et qu'il y ait beaucoup de finferluches et desguisemens en leur faict, dont procede cela? Il est certain que nature ne l'enseigne point. Car les Payens ont bien seu dire, que si chacun suyvoit son naturel, nous n'aurions que faire de tant de services, ni d'appareils. Les hommes se tourmentent d'eux-mesmes. Voila que c'est de nos cupiditez. Car elles nous travaillent a mettre peine a ceci et a cela: et puis nous donnons peine aux autres: voila tout le monde en inquietude. Et pourquoy? Si nous estions contens, il nous seroit beaucoup plus aise de vivre: mais ce que nous sommes tant superflus est cause qu'il n'y a nulle fin a nos travaux: nous sommes comme des ames damnees. Et a qui en est la coulpe sinon a nous? Et ainsi notons (comme i'ay desia touche) que toutes les varietez qu'on appettera, sont autant de tesmoignages que nous ne pouvons nous retenir en vray contentement de nature. Il est vray, que de tenir ceste rigueur et austerite si extreme qu'ont eu des phantastiques, qu'il nous faut contenter de nature, qu'il ne nous est point licite d'avoir ne verre ne gobelet, qu'il faut boire a sa main: ce sont des sottises. Mais quand nostre Seigneur se monstre liberal envers nous, regardons la. Il est dit au Pseau. 104. que non seulement Dieu a donne aux hommes du pain et de Peau pour la necessite de leur vie: mais qu'il adiouste aussi bien le vin pour conforter, et pour resiouir. Quand nous voyons que Dieu de superabondant nous donne outre la necessite precise plus qu'il ne nous faut: et bien, iouyssons de sa bonte, et cognoissons qu'il nous permet d'en user en bonne conscience avec action de graces. Il feroit bien venir le bled pour nostre nourriture, sans que la fleur precedast: il feroit bien aussi croistre le fruict sur les arbres sans fueille ne fleur. Et nous voyons que nostre Seigneur nous veut resiouir en tous nos sens, et nous a voulu presenter ses benedictions en toutes sortes, et en toutes les creatures qu'il nous offre pour en iouir. Ainsi, il n'est point