4:35 35 INSTITUTION CHRESTIENNE. 36 bataille est tousiours telle, que la foy vient au dessus de ces difficultez, desquelles estant assiegee il semble advis qu'elle soit en peril. 19. 1) En somme, des que la moindre goutte de foy qui se puisse imaginer, est mise en nostre ame, incontinent nous commencons k contempler la face de Dieu benigne et propice envers nons. Bien est vray que c'est de loin: mais c'est d'un regard si indubitable que nous savons bien qu'il n'y a nulle tromperie. Apres, d'autant que nous profitons (comme il convient que nous profitions assiduellement) comme en nous avancant, nous en approchons de plus pres pour en avoir la veue plus certaine. Davantage, la continuation fait que la cognoissance en est plus familiere. Par ainsi nous voyons que l'entendement estant illumine de la cognoissance de Dieu, est du commencement enveloppe de grande ignorance, laquelle petit a petit2) est ostee. Neantmoins pour son ignorance, ou pour voir plus obscurement ce qu'il voyoit, il n'est pas empesche qu'il ne iouisse d'une cognoissance evidente de la volonte do Dieu: ce qui est le premier poinct et principal en la foy: assavoir, comme si quelcun estant enclos en basse prison n'avoit la clairte du soleil qu'obliquement et a, demy par une senestre haute et estroite, il n'auroit pas la veue du soleil pleine n'a delivre, toutesfois ne laisseroit pas d'avoir la clairte certaine, et en recevoir l'usage. En ceste maniere, combien que nous, estans enfermez en la prison de ce corps terrien, ayons de toutes pars beaucoup d'obscurite, si nous avons la moindre estincelle du monde de la lumiere de Dieu qui nous descouvre sa misericorde, nous en sommes suffisamment illuminez pour avoir ferme asseurance. 20. s) L'un et l'autre nous est proprement demonstre de l'Apostre en divers lieux. Car en disant que nous cognoissons en partie, prophetisons en partie, et voyons en enigme comme par 4) un miroir (1 Cor. 13, 9.12): il denote combien petite portion de la sagesse divine nous est distribuee en la vie presente. Car combien6) que ces mots ne signifient pas simplement que la foy soit imparfaite pendant que nous travaillons 6) sous le fardeau de nostre chair, mais nous advertissent qu'a cause de nostre imperfection nous avons besoin d'estre continuellement exercez en doctrine: toutesfois ils emportent que nous ne pouvons comprendre en nostre 1) 1541 p. 195; 1545 p. 219; 1551 s. Ch. V. §. 12. 2) 1561: peu a peu. 3) 1541 p. 195 s.; 1545 p. 220; 1551 s. Ch. V. §. 13. 4) par, manque dans V e d. de 1560, par une faute dHmpression. 5) Car combien . . . . seroit a desirer, appartient a Ia redaction de 1559. 6) travaillons, le latin a: gemimus.