22:35 35 INSTRUCTION ET CONFESSION DE FOY. 36 Que cest quil nous fault cognoistre de Dieu. Or puisque la maieste de Dieu surmonte en soy la capacite de lhumain entendement et mesmes ne peult pas estre comprinse dicelluy,3) il nous fault adorer sa haultesse plustost que de lenquerir, affin que ne soyons du tout accablez dune si grande clarte. Par quoy il nous fault chercher et considerer Dieu en ses oeuvres, lesquelles pour ceste rayson sont appelleez en lEscripture spectacles des choses invisibles (Ro. 1, Heb. l l ) : car elles nous representent ce que autrement nous ne pouvons voir du Seigneur. Or cela est non pas chose laquelle tienne en suspend noz entendemens par frivoles et vaines speculations, mais est chose quil nous est mestier de scavoir et laquelle engendre nourrice et confirme en nous une vraye et solide piete, cest a dire la foy conioincte avec crainte. Nous contemplons doncques en ceste universite des choses limmortalite de nostre Dieu de laquelle est procede le commencement et origine de toutes choses : sa puissance laquelle ait faict une si grande machine et maintenant la soustiene: sa sapience laquelle ait compose et gouverne4) une si grande et confuse variete par ordre tant distant6): sa bonte laquelle ait este cause a soy mesme que toutes ces choses ayent este creees et maintenant consistent: sa iustice laquelle se manifeste merveilleusement en la protection des bons et en la vengeance des mauvais: sa misericorde laquelle pour nous appeller a amendement endure noz iniquitez par une si grande benignite. Certes nous devions par cecy abondamment autant quil nous estoit besoin g estre enseignez quil6) est Dieu, si a une si grande lumiere nostre rudesse nestoit aveuglee. Toutesfois mesmes nous ne pechons pas en cecy par seul aveuglement, mais nostre perversite est telle quil ny a rien quelle ne prene mauvaisement et perversement en estimant les oeuvres de Dieu et renverse entierement toute la sapience celeste laquelle autrement clairement y reluist. Il fault doncq venir a la parolle 7) ou Dieu nous est tres bien descript par ses oeuvres, pourtant que icelles oeuvres y sont estimees non pas selon la perversite de nostre iugement mais par la reigle de leternelle verite. Nous apprenons doncq de la que nostre Dieu seul et eternel est la source et fontaine de toute vie iustice sapience vertu bonte et clemence: duquel comme sans nulle 3^ Dans le texte latin il faut lire: ab ipso. 4) add. perpetuo. 5) faute d'impression ; lisez distinct. 6) lisez: quel (qualis). 7) add. Dei.