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EPISTRE
348
qu'il
n'entend
pas
de
faire
Dieu
autheur
du
mal.
Mais
de
quoy
sert
un
tel
subterfuge,
quand
le
contraire
est
tout
clair?
Quand
i'auray
donne
un
soufflet
a
un
homme,
seray
ie
excuse
en
protestant
que
ie
ne
Tay
pas
fait
pour
le
blesser?
Car
il
[page
198]
appert
quel
est
l'acte
en
soy.
Pour
approuver
son
erreur,
il
abuse
du
tesmoignage
de
sainct
Paul,
quand
il
dit
aux
Ephesiens
(2,
3),
que
nous
sommes
de
nature
enfans
d'ire,
et
recommande
qu'on
poise
bien
ce
mot,
de
Nature.
Mais
il
est
tout
evident
que
sainct
Paul
parle
de
ceste
nature
corrompue
que
nous
tirons
d'Adam.
Et
d'ou
vient
ceste
corruption?
Sainct
Paul
le
declaire
au
cinquiesme
des
Romains
(v.
12):
assavoir,
que
par
un
homme
le
peche
est
entre
au
monde.
Ainsi
le
mot
de
Nature
ne
signifie
point
la
creation
que
Dieu
a
mise
en
nous,
mais
la
race
que
nous
tirons
du
premier
homme.
Comme
au
deuxiesme
des
Galatiens
(v.
15),
quand
il
dit:
Nous
sommes
Iuifz
de
nature.
Car
il
entend
qu'ilz
estoyent
descenduz
d'Abraham,
et
par
ce
moyen
participans
de
la
benediction
promise
a
luy
et
a
sa
semence.
Comme
au
dixiesme
*)
des
Romains,
il
appelle
tous
les
Iuifz
branches
naturelles
de
la
racine
saincte.
Yoyia
donc
comme
nous
sommes
heritiers
de
damnation
eternelle
par
nature.
C'est
d'autant
que
tout
le
genre
humain
est
maudit
en
Adam.
Parquoy
vous
voyez
que
ce
phantastique
impose
a
Dieu
ce
qui
doit
estre
impute
au
premier
homme.
Car
il
est
dit
que
Dieu
a
cree
l'homme
a
son
image
et
semblance
(Gen.
1,
26).
Et
sainct
Paul
monstre
qu'il
faut
que
ceste
image
soit
reparee
en
[page
199]
nous
par
la
grace
de
Iesus
Christ2)
(Ephes.
4,
24;
Col.
3,
10).
Dont
il
s'ensuit
qu'elle
a
este
effacee
par
le
peche
d'Adam.
Et
de
la,
ie
concluz
que
le
vice
et
perversite
qui
est
en
nous
ne
procede
point
de
la
creation
de
Dieu,
mais
de
la
faute
d'Adam,
qui
s'est
deprave;
comme
aussi
Salomon
le
tesmoigne
disant:
Ie
say
que
Dieu
a
cree
l'homme
droit,
mais
ilz
se
sont
forgez3)
plusieurs
inventions
(Eccl.
7,
29).
Souz
ombre
de
la
predestination,
il
tasche
d'aneantir
tellement
l'homme,
que
les
reprouvez
ne
font
rien
a
leur
perdition:
qui
est
obscurcir
ceste
doctrine
de
la
predestination,
comme
ont
fait
les
sophistes.
Et
on
peut
voir
comme
i'ay
mis
peine
a
l'esclarcir
et
la
deduire
le
plus
facilement
que
ie
peu.
Mais
quand
on
fera
comparaison
de
ce
que
i'en
ay
traite,
avec
les
fripperies4)
que
cestuycy
a
ramassees,
on
verra
a
l'oeil
comme
il
falsifie
d'une
grande
audace
les
passages
de
P
Escriture,
1)
en
Ponziesme
1611.
(Le
passage
cite
est
Rom.
ll,
21.)
2)
hanc
imaginem
prius
in
nobis
instaurandam
esse.
(Le
reste
est
omis.)
3)
quaesierunt.
4)
cum
interpolatis
sententiis,
quas
iste
undequaque
everrit.
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