54:345 345 SUR LA SECONDE A TIMOTHEE. 346 VINGTNEUV1EME SERMON. Chap. IY, v. 8.13. Nous avons veu par ci devant, que pour avoir bon courage de servir a Dieu, tousiours la venue de nostre Seigneur Iesus Christ nous doit estre en memoire: car sans cela il nous faudroit defaillir a chacune minute de temps. Nous sommes fragiles, il faut peu de chose pour nous desbauche^ et les tentations que Satan nous met devant les yeux sont grandes. Il n'y a donc autre moyen de nous confermer a ce que nous persistions constamment a. suyvre le bon chemin, sinon que nous scachions que nostre Seigneur Iesus Christ viendra pour restaurer les choses qui sont maintenant confuses. Il semble que nous travaillons en vain quand le monde se mocque de nous, que mesmes nous sommes blasmez apres avoir bien fait : mais nous scavons que Iesus Christ a sa venue renversera toutes les fausses opinions du monde, et monstrera que ce n'est point peine perdue de s'employer a son service. Or cependant il nous doit souvenir que nous ne pouvons pas esperer que Iesus Christ a sa venue nous rende la couronne de iustice, sinon d'autant que Dieu par sa pitie accepte ce que nous faisons: non point que nous apportions rien du nostre qui vaille, ou qui merite d'estre ainsi renomme: mais d'autant qu'il nous a receus une fois a merci, et qu'il nous aime comme ses enfans. Voila aussi pourquoy nos oeuvres luy sont agreables. Il nous faut donc estre fondez sur la pure verite de nostre Dieu, si nous voulons rien attendre de luy. Or maintenant il reste ce iour dont parle sainct Paul. Il dit, Ce iour-la. Il pouvoit bien declarer plus a plein la venue de nostre Seigneur Iesus Christ. Mais ceste facon de parler dont il use a plus grande vehemence, et nous doit mieux toucher. Car il declare ceste certitude de foy qui estoit en luy : il marque ce iour de la venue de Iesus Christ comme une chose qui luy estoit desia presente. Il est vray que selon le sens de la chair nous ne comprenons point que nostre Seigneur Iesus Christ soit prochain de venir : car aussi il faut que nostre salut soit enclos en esperance. Or ce que nous esperons (dit sainct Paul) est cache. Mais cependant, puis que nous scavons que le Fils de Dieu est descendu a ceste condition de nous retirer de toutes les miseres de ce monde, et nous acquerir le Royaume des cieux, ne doutons point qu'il ne nous assiste pour faire valoir la mort et passion qu'il a enduree pour nostre salut, et pour nous mettre en possession de tous les biens qu'il nous a acquis, pour nous faire sentir le fruict et l'effect de sa premiere venue. Ainsi, quand sainct Paul en parlant du iour du