34:34 monde estime que nous sommes reprouvez de Dieu : car le diable use de ceste astuce-la, afin de nous mettre en desespoir. Voila un povre homme qui sera batu des verges de Dieu : or le mal qu'il endure lui est desia assez pesant: sur cela si on vient encores lui ietter double fardeau sur le dos, et qu'on lui reproche qu'il appert bien qu'il est du tout reprouve de Dieu, voila pour l'accabler. Car ie ne parle point de ces meschans obstinez que Dieu afflige pour leurs pechez : mais ie parle ici de ceux qui auront chemine droitement, et neantmoins Dieu ne laisse pas encores de les affliger: il est vrai qu'ils l'ont bien merite, mais ii n'a point du tout regard a cela : il veut aucunesfois les mortifier pour l'advenir: pource qu'ils ne sont point encores assez domtez, il faut qu'il retranche toutes les mauvaises affections qui sont en eux: et puis il leur veut apprendre qu'il est necessaire de l'invoquer, et de mettre toute leur fiance en lui, il veut aussi declarer leur patience. Voila donc une bonne personne qui tendra a Dieu, qui aura chemine en simplicite : cependant elle aura des afflictions grandes. Est-ce a dire pourtant que Dieu le recognoisse estre plus grand pecheur que les autres? Et cependant si on lui vient mettre cela en avant, c'est bien pour le ietter en desespoir. Ainsi a-on fait a Iob. Notons bien donc que ceste tentation est fort dure et pesante: et pourtant que nous advisions de recourir au remede dont nous devons user, c'est assavoir, que nous nous presentions devant Dieu, sans nous attacher par trop aux hommes, comme desia Iob a traitte ci dessus. Mes amis (dit-il) sont rhetoriqueurs contre moi. Il signifie que ceux qui le devoyent consoler, et appaiser sa douleur en partie, eux-mesmes ont prins plaisir a se moquer de lui: car ceste rhetorique dont il parle, n'est sinon qu'ils ont affile leurs langues pour se moquer de lui, pour le tormenter, et pour le rendre la confus. Ceci est advenu a Iob, afin qu'il nous fust en exemple. Ainsi donc quand il plaira a Dieu de nous affliger, si le monde iuge mai de nous, et que plusieurs prenent occasion de nous condamner, comme si iamais nous n'avions eu affection droite: prenons le tout en patience, sachans que c'est une partie de nostre croix, quand nostre Seigneur suscite ainsi les hommes, et que Satan machine de nous ruiner; mais qu'il faut que nous remedions a un tel mal, comme Iob nous le declare. Et comment? Que nos yeux decoulent larmes a- Dieu. Et pourquoi? Nous verrons que les hommes nous vienent ainsi fascher: et pourtant nous voudrons nous rebecquer contr'eux pour les repousser. Et comment? O on me fait grand tort, voila une grande cruaute de me traitter en telle sorte. Il est vrai que nous pourrons bien faire une telle protestation: mais 3