29:33
oo
I*0
SUR
LE
DEUTER.
CHAP.
XXXII.
H
Or
un
homine
n'appettera
point
seulement
de
boire
et
de
manger,
mais
de
gourmander,
il
s'adonnera
a
toute
intemperance.
Voila
donc
un
homme
qui
sera
plus
miserable
que
les
bestes,
d'estre
ainsi
transporte
de
ses
affections
desbordees.
Puis
qu'ainsi
est
donc
tendons
a
ceste
issue,
laquelle
Dieu
nous
propose:
et
que
nous
sachions
qu'il
nous
fait
tellement
gouster
sa
bonte
en
ce
pelerinage
terrien,
qu'il
veut
que
nous
en
soyons
rassasiez
la
haut,
et
que
nous
ne
facions
que
passer
par
ce
monde,
que
nous
y
soyons
habitans
comme
estrangers,
et
que
nous
ne
laissions
pas
toutesfois
d'estre
conioints
et
unis
a
nostre
Seigneur
Iesus
Christ,
sachans
qu'il
est
nostre
chef,
et
qu'il
est
la
fontaine
de
tous
biens,
et
que
toute
nostre
ioye
et
contentement,
et
repos,
et
gloire
gist
en
luy,
et
y
consiste
:
et
a
l'opposite,
quand
Dieu
ne
punira
point
du
premier
coup
nos
offenses,
que
nous
ne
soyons
point
endormis
pourtant,
et
que
cela
ne
nous
donne
point
occasion
de
nous
flatter.
Et
pourquoy?
Si
nous
vivons
ainsi
au
iour
la
iournee
sans
regarder
plus
loin,
ne
faut-il
pas
que
nous
soyons
du
tout
stupides?
Vray
est
que
les
fidelles
ne
seront
point
tourmentez
de
trop
grande
solicitude.
Pourquoy?
Car
ils
les
remettent
comme
au
giron
de
Dieu,
ainsi
qu'ils
en
sont
exhortez
au
Pseaume.
Nous
ne
serons
point
donc
agitez
d'inquietude,
comme
sont
ceux
qui
n'ont
nulle
fiance
en
Dieu.
Car
quand
nous
invoquions
Dieu,
il
est
prochain
de
nous:
et
ne
faut
pas
que
nous
facions
la
de
longs
discours,
comme
les
mondains
qui
disputent
de
ce
qui
adviendra
cent
ans
apres
leur
mort.
Mais
cependant
si
ne
faut-il
pas
que
nous
soyons
tant
enveloppez
en
ce
que
nous
voyons
a
l'oeil,
que
nous
ne
regardions
tousiours
plus
loin:
mais
comme
les
promesses
de
la
vie
celeste
nous
doivent
eslever
par
dessus
le
monde,
que
les
menaces
de
Dieu
aussi
nous
sollicitent,
afin
que
nous
cheminions
en
sa
crainte,
nous
redarguans
de
nos
pechez
quand
nous
aurons
failli,
nous
appellans
tous
les
iours
a
conte:
comme
il
est
dit,
que
Noe
par
foy
a
contemple
le
deluge,
combien
que
chacun
fist
alors
grand
chere.
Ainsi
donc
apprenons
de
regarder
a
nostre
issue,
c'est
a
dire,
quand
nous
aurons
offense
Dieu,
ne
nous
endormons
point
la,
et
ne
nourrissons
point
nos
vices
du
iour
au
lendemain,
iusques
a
nous
endurcir
en
obstination
incorrigible:
mais
combien
que
Dieu
nous
supporte,
qu'il
use
de
patience,
et
qu'il
dissimule
pour
un
temps,
que
nous
ne
laissions
pas
pourtant
de
nous
souvenir
de
ses
menaces,
et
nous
esveiller
afin
de
gemir,
afin
de
luy
demander
pardon,
et
de
retourner
a
luy
en
vraye
repentance.
Voila
donc
la
vraye
sagesse,
c'est
que
les
hommes
ne
soyent
point
retenus
aux
choses
presentes
:
mais
qu'ils
eslevent
leurs
esprits
et
leurs
sens
a
ce
qui
est
in-
Ccdvini
opera.
Vol
XXIX.
|