21:32 32 Stordeur du liege, lequel estant decede de peste a Strasbourg quelque temps apres [fol. 5] il print sa vefve a femme nommee Idellette de Bure, femme grave et honneste, avec laquelle il a depuis paisiblement vescu iusques a ce que nostre Seigneur la retira a soy l'an 1548* sans avoir eu aucuns enfans. En ce mesme temps furent tenues en Allemagne quelques iournees Imperiales sur le faict de la religion, a Wormes et a Ratisbone, esquelles Calvin fut esleu des premiers par l'advis de tous les Theologiens Allemans, ou il se porta tellement que sa renommee se fit grande parmi les adversaires [page 24] mesmes, et Philippes Melancthon entre autres le print des lors en singuliere amitie qui a tousiours dure depuis, et des lors l'appeloit ordinairement Le Theologien par un singulier honneur. Cependant le Seigneur exercoit ses iugemens a Geneve, punissant expressement ceux lesquels estans en estat de Syndique 1538 avoyent este cause de dechasser Calvin et Farel, tellement que l'un d'iceux estant coulpable d'une sedition et se voulant sauver par une senestre se creva soy-mesmes, un autre ayant commis un meurtre fut decapite par iustice, les deux autres convaincus de certaine desloyaute contre l'estat de la ville, s'enfuirent et furent condamnez en leur absence. Cest escume estant vuidee de la ville Calvin commenca d'etre regrette et fut redemande par plusieurs ambassades de Geneve et par l'intercession des Seigneurs de Zurich aux Seigneurs de Strasbourg qui en firent difficulte. Calvin d'autre part voyant le fruict qu'il faisoit a Strasbourg n'y vouloit nullement consentir, combien que pour tesmoigner l'affection qu'il portoit a la ville, des l'an 1539, un an apres son bannissement il avoit maintenu la cause d'icelle, ou plustost de la verite de Dieu, contre le Cardinal Sadolet par une longue [page 25] et docte epistre qui se trouve imprimee parmi ses oeuvres. En fin il falut venir iusques aux menaces du iugement de Dieu s'il n'obeissoit a ceste vocation, de sorte qu'au grand regret desdits Seigneurs de Strasbourg, et surtout de M. Bucer et de ses autres compagnons, il fut accorde a Geneve pour quelque temps. Mais y estant arrive et receu de singuliere affection par ce povre peuple recognoissant sa faute et affame d'ouir son fidele Pasteur, y fut retenu pour tousiours. A quoy s'accorderent en fin lesdits Seigneurs de Strasbourg, a la charge toutesfois qu'ils le tenoyent tousiours pour leur bourgeois. Ils vouloyent aussi qu'il retinst le revenu d'une prebende qu'ils luy avoyent assignee pour ses gages de Professeur. Mais comme il estoit un homme du tout eslongne de cupidite des biens de ce monde iamais ils ne peurent tant faire qu'il en retint la valeur d'un denier. Par ainsi il fut restabli derechef a Geneve l'an 1541 le 13 de Septembre, la ou incontinent il dressa