29:31 31 SERMON CLXXXIV. 32 menaces qui estoyent ici faites: c'est que Dieu se vengeroit de l'ingratitude de ce peuple, apres en avoir long temps endure. Maintenant il adiouste: Ne faut-il pas que ce peuple soit bien despourveu de sens et de raison, quand il ne regarde point a ceci, quand il ne cognoist point son issue? Or non sans cause Moyse marque ici ce que le peuple devoit avoir cogneu : car nous avons esto enseignez par ci devant, que Dieu s'est tellement reserve ce qui est de son conseil incomprehensible, qu'il nous a rendu la doctrine de la Loy familiere: il veut qu'elle soit tenue pour nous y exercer en toute nostre vie. Quand donc Dieu a parle, que sa volonte nous est mise devant les yeux : notons que ce n'est point en vain: comme aussi il proteste par son Prophete Isaie: Nous ne pouvons pas alleguer que ce soit chose obscure, et qui outrepasse nostre sens. Nous ne devons plus dire: Qui est-ce qui passera la mer? Qui montera par dessus les nues, et descendra iusques aux abysmes? La parolle estant en nostre bouche et en nostre coeur nous doit bien suffire. Or il est vray qu'encores que Dieu ait parle, qu'il faut bien qu'il nous esclarcisse par son S. Esprit nos sens, ou tousiours nous demeurerons sans intelligence: mais si nous regardons la doctrine en soy, elle nous est toute patente, et Dieu se revele en. icelle assez priveement. Voila donc ce que nous avons a retenir sur ce passage: c'est que Moyse reproche au peuple, qu'il avoit este appelle a Dieu en telle facon qu'il ne pouvoit errer, s'il n'eust voulu: et davantage que son issue luy estoit monstree. Et par ce mot d'issue il comprend toute la felicite qui est promise a tous enfans de Dieu, qui s'adonnent a luy, qui s'appuyent sur ses promesses, et qui cheminent tousiours en son obeissance: que la confusion et ruine de ceux qui ont mesprise une telle grace, qui se sont alienez de luy, et abastardis de sa parolle, tous contempteurs, tous rebelles. Moyse donc notamment parle de ce mot d'Issue a ceste fin et intention. Or maintenant nous avons a faire nostre profit de ceste doctrine. Et en premier lieu notons (comme desia nous avons dit) que nous pourrons estre les plus subtils du monde, et cependant nous serons estimez de Dieu bestes brutes et sans raison, sinon que nous regardions a luy. Voila donc le principal de nostre sagesse, c'est que nous ayons les yeux ouverts pour contempler la clarte de vie, que nous ayons bien profite en l'eschole de nostre Dieu pour l'adorer: que nous ne soyons plus comme bestes errantes, ne sachans celuy qui nous a creez et formez, ne sachans aussi quels nous sommes. Et au reste apprenons de recevoir la parolle de Dieu en toute simplicite, et ne doutons pas que la il ne s'approche de nous si privement que nous ne pourrons pas alleguer qu'il nous faille faire longs