51:293 293 SUR L'EPITRE AUX EPHESIENS. 294 a Dieu, (ju'il dispense de son Eglise, et du salut de ses eleus, comme bon luy a semble. Et quant au temps, prenons pour plenitude ce qu'il luy plaira de nous monstrer. Car il ne nous faut point estre ici iuges ni arbitres pour mesurer les temps, les aneees, les mois, les iours: mais il nous doit suffire que Dieu a voulu qu'ainsi fust. On disputera, Comment? Voila apres la cheute d'Adam quatre mille ans qui se passent: et Dieu ne pouvoit-il donner remede et envoyer plustost le Redempteur du monde? Voila tant de poures gens qui sont demeurez esgarez en leurs tenebres: voila donc la perdition du genre humain comme un deluge qui engloutit tout: et cependant Iesus Christ a este cache. Et encores il y a puis apres un petit nombre de gens qui le goustent par figures et ombrages tant seulement. Car il n'y a eu que les Iuifs qui attendissent un Redempteur pour obtenir salut par son moyen: et ceux-la ont eu des veaux et moutons et des bestes brutes pour avoir certitude de la remission de leurs pechez, et que Dieu leur seroit propice. Si on demande, Et comment cela estil advenu? Recourons a ce qui est ici declare en un mot, c'est que le temps n'estoit pas accompli. Et pourquoy? Car Dieu l'avoit ordonne. Et c'est ce que nous avons desia veu aux Galates, comme sainct Paul aussi reprimoit la toutes les folles speculations dont les hommes s'esgarent en se voulant eslever plus qu'il ne leur est licite. Concluons donc que c'est le propre office de Dieu, d'aviser des temps et des saisons, et qu'il ne nous faut trouver opportun, sinon ce qu'il fait. Car mesmes combien que l'hyver et Teste nous soyent ordinaires chacun an, si est-ce si Teste vient trop tard, il nous faut la tenir en bride et ne point murmurer a l'encontre de Dieu. Nous pourrons bien dire, Helas ! s'il plaisoit a Dieu de nous envoyer le chaut, il seroit bien a souhaiter. Mais cependant si faut-il avoir ceste conclusion, C'est a Dieu de gouverner, et la maistrise et l'authorite luy appartient. Si en Tordre de nature qui nous est commun, et la ou Dieu se declare privement a nous, toutesfois nous devons avoir une telle sobriete: que sera-ce quand il est question des secrets du Royaume des cieux, du salut eternel de nos ames, de ce mystere si haut, c'est a scavoir, que le Fils de Dieu soit venu pour remettre en estat ce qui estoit peri? Ne faut-il pas que la tous haissent la teste, et qu'en humilite nous acceptions ce que Dieu nous dit, et que nous cognoissions ce qu'il approuve? Yoila donc pourquoy S. Paul notamment a ici parle de ceste plenitude des temps : comme s'il disoit que iamais nous n pourrons profiter en l'Evangile, iusques a ce que nous ayons porte cest honneur a Dieu, que sa seule volonte nous contente, et que nous ne venions point repliquer a l'encontre, ni