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IOB
CHAP.
XXXII.
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faut
donc
conclure
que
tu
es
un
meschant.
Ton
affliction
est
si
grande
et
si
exorbitante,
qu'on
ne
voit
point
au
monde
un
homme
si
presse
que
toi:
il
s'ensuit
donc
que
tu
surmontes
tous
hommes
en
iniquite.
Voila
quel
a
este
le
fondement
qu'ont
prins
les
amis
de
Iob
en
le
voulant
redarguer.
Or
Eliu
proteste
qu'il
n'en
sera
point
ainsi.
Et
de
fait
on
voit,
que
s'il
eust
continue
le
propos,
c'estoit
tousiours
empirer
le
mal.
Car
nous
avons
declare
que
Iob
pouvoit
maintenir
son
integrite,
d'autant
qu'il
avoit
chemine
en
la
crainte
de
Dieu,
et
qu'il
n'a
failli
sinon
en
ce
qu'il
n'a
peu
arrester
du
tout
son
esprit
en
l'obeissance
de
Dieu,
et
qu'il
a
trouve
son
affliction
estrange:
mais
tant
y
a
que
quant
au
principal
sa
cause
estoit
bonne
et
iuste.
Vrai
est
qu'aucuns
entendent
ce
passage,
comme
si
Eliu
disoit,
Ne
dites
point
qu'en
vous
taisant
vous
soyez
sages,
et
que
Dieu
le
confondra
assez
sans
que
les
hommes
mortels
s'en
meslent.
Mais
si
on
regarde
de
pres,
on
trouvera
que
le
sens
naturel
est
celui
que
i'ai
dit,
c'est
assavoir
qu'Eliu
se
mocque
des
amis
de
Iob:
car
notamment
il
leur
reproche
qu'ils
ont
cuide
avoir
trouve
la
sagesse:
comme
nous
disons
en
proverbe,
qu'un
homme
pense
avoit
trouve
la
seve
au
gasteau,
quand
il
aura
quelque
subtilite,
et
qu'il
pourra
se
fourrer
en
quelque
compagnie
pour
mettre
en
avant
son
opinion
et
ce
qu'il
aura
invente,
qu'il
lui
semblera
qu'il
ait
une
raison
invincible,
combien
qu'elle
soit
frivole.
Ainsi
maintenant
parle
Eliu:
II
vous
semble
que
ce
soit
le
noeud
de
la
matiere.
Que
quand
Dieu
a
ainsi
presse
Iob,
qu'il
l'a
afflige
si
durement,
il
lui
est
ennemi:
vous
estimez,
di-ie,
que
voila
un
fondement
si
bon
et
si
ferme
que
rien
plus.
Or
ce
n'est
rien
qui
vaille,
dit-il:
comme
desia
nous
avons
declare
qu'il
ne
s'ensuit
pas
qu'un
homme
soit
meschant,
si
Dieu
le
visite.
Car
combien
que
Dieu
ait
menace
les
transgresseurs
de
sa
Loi,
de
les
punir
et
en
leurs
personnes
et
en
leurs
biens,
et
en
leurs
enfans:
si
est-ce
que
Iob
n'estoit
point
ainsi
persecute,
il
y
a
eu
un
autre
raison.
Or
si
Dieu
menace
les
transgresseurs,
ce
n'est
pas
a
dire
qu'il
ne
se
reserve
ceste
liberte
de
pouvoir,
quand
il
voudra,
exercer
la
patience
des
fideles:
et
encores
qu'il
n'ait
point
esgard
a
leurs
offenses
qu'ils
ont
commises,
si
estce
qu'il
se
monstrera
rude
envers
eux.
Et
pourquoi?
Pour
les
humilier.
Quand
il
n'y
auroit
que
ceste
raison-la,
elle
doit
bien
suffire.
Et
puis
Dieu
veut
que
ses
serviteurs
soyent
en
exemple
aux
autres.
Il
y
a
d'avantage
qu'il
est
besoin
de
mortifier
leurs
affections
charnelles:
car
quelquesfois
nous
avons
des
vices
secrets
en
nous,
ausquels
Dieu
remedie
devant
le
coup:
quand
il
nous
envoye
des
afflictions,
quelquefois
nous
ne
savons
point
pourquoi,
mais
il
voit
plus
clair
que
nous.
Ainsi
donc
cela
nous
doit
estre
resolu,
que
Dieu
affligera
les
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