21:29 29 PAR THEODORE DE BEZE. du Seigneur. Au reste par ee discours ie pense avoir traitte la pluspart de sa vie. Car qu'a ee este autre chose de sa vie qu'une perpetuelle doctrine, tant par paroles que par escrit et par toutes ses meurs et facons de vivre? Ce que toutesfois il est tres bon d'exposer par le menu, afin que chacun entende les merveilles de Dieu a l'endroit de cest excellent personnage. Il nasquit a Noyon ville ancienne et celebre [page 17] de Picardie Tan 1509 le 10 de Iuillet, d'une maison honneste et de moyennes facultez. Son pere s'appeloit Girard Calvin, homme de bon entendement et conseil et pour cela fort requis es maisons des seigneurs circonvoisins : a raison de quoy sondit fils des son ieune aage fut tant mieux et liberalement nourri, aux despens de son pere toutesfois, en compagnie des enfans de la maison de Mommor, ausquels aussi il fit compagnie aux estudes a Paris. Il estoit deslors d'un singulier esprit et sur tout fort consciencieux, ennemi des vices et fort adonne au service de Dieu qu'on appeloit pour lors : tellement que son coeur tendoit entierement a la Theologie qui fut aussi cause qu'on le pourveut d'un benefice en l'eglise cathedrale de Noyon. Toutesfois son pere se resolut de le faire estudier aux loix et luy aussi de sa part ayant desia [fol. 4] par le moyen d'un sien parent et ami nomme maistre Pierre Robert, autrement Olivetanus, qui depuis a traduit la Bible d'Hebrieu en Francois imprimee a Neufchastel, gouste quelque chose de la pure religion, commencoit a se distraire des superstitions Papales: qui fut cause qu'outre la singuliere reverence qu'il portoit a son pere il s'accorda d'aller a Orleans [page 18], pour cest effect, la ou lisoit pour lors un excellent homme nomme Pierre de l'Estoille, depuis President en la cour de parlement a Paris: sous lequel il profita tellement en peu de temps qu'on ne le tenoit pour escolier mais comme l'un des docteurs ordinaires: comme aussi il estoit plus souvent enseigneur qu'auditeur, et luy fut offert de le passer docteur pour rien, ce que toutesfois il refusa. Et pource que lors Puniversite de Bourges estoit aussi en bruit a cause de cest excellent Iurisconsulte Andre Alciat qui lors y enseignoit, il le voulut bien voir et ouir aussi. Cependant il ne laissoit de vaquer aux sainctes lettres avec tel fruict et si heureusement que tous ceux ausquels il plaisoit a Dieu de toucher le coeur pour entendre que c'estoit des differents esmeus pour le faict de la religion, non seulement luy portoyent affection singuliere mais l'avoyent desia en admiration pour ^erudition et zele qui estoit en luy. Entre autres qu'il hantoit pour lors a Bourges il y avoit un excellent personnage Aleman, professeur de lettres Grecques, nomme Melchior Volmar, duquel ie me souvien d'autant plus volontiers que