50:289 289 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 290 tout. Ils demanderont assez a Dieu qu'il leur envoye ce qu'il scait leur estre bon et utile: mais cependant ils ne regardent point a la fontaine de laquelle il faloit puiser en premier lieu, c'est d'estre reconciliez a Dieu. Car c'est tout un, moyennant que Dieu les espargne, et qu'il n'exerce point sa rigueur sur eux: de son amour ou de sa haine, ils n'en sont pas en grand souci, quand il les traite comme leur chair desire et appete. Or combien que ceuxla s'adressent a Dieu, toutes fois ils pervertissent tout: car il faloit que l'amour de Dieu fust constituee en premier degre et souverain: et puis qu'on vinst a tant de benefices qu'il nous eslargit, et par lesquels il nous testifie sa bonte envers nous. Combien donc que beaucoup ne se retiennent point encores en ceste mesure, mais qu'ils facent leurs requestes a Dieu les plus enormes qu'on scauroit faire a des creatures mortelles, que l'un appete des richesses, l'autre des honneurs, et qu'il ne soit point question de se contenter de ce que Dieu envoye: si est-ce qu'encores que les hommes soyent sobres en leurs souhaits, et qu'ils ne demandent sinon estroitement ce qu'il leur faut, tant y a que s'ils oublient la grace de Dieu, ils monstrent en cela qu'ils n'ont encores gueres profite. Notons bien donc que ce n'est point sans cause que S. Paul met ici ces deux choses coniointes: c'est que Dieu nous recoive en son amour, et que nous sentions que vrayement il nous est Pere, et nous accepte pour ses enfans. Et puis la dessus il adiouste qu'il nous face prosperer. Or ceste prosperite (comme i'ay desia dit) pourra bien estre desirable: mais cependant si faut-il que ia seule bonte de Dieu nous console: quand en ce monde nous aurons a souffrir beaucoup de pouretez, que les choses ne viendront pas comme nous voudrions, si faut-il que nous ayons ce contentement la, que Dieu nous accepte. Or il met quant et quant le nom de nostre Seigneur Iesus Christ pour ce qu'il est impossible que Dieu nous soit favorable sinon par le moyen de son Fils, auquel il a tout son bon plaisir comme il en est parle tant au dixseptieme chapitre de sainct Matthieu, qu'au premier chapitre des Ephesiens. Quand donc nous n'aurions sinon la maieste de Dieu qui se presentera devant nos yeux, elle sera pour nous effrayer, et n'y pourrons pas avoir aucun acces a cause que nous sommes creatures fragiles, et mesmes qu'il n'y a en nous que peche: nous campons ici sur la terre: mais nous sommes dignes d'estre engloutis iusques au profond d'enfer. Il faut bien donc que Iesus Christ nous apparoisse, que nous regardions a luy pour gouster que c'est de l'amour de Dieu, et pour avoir la iouissance de tous les biens qu'il nous eslargit: car ils n'appartiennent sinon au Fils unique qui est heritier de toutes choses, comme l'Apostre en parle au premier cha- Caivini opera. Vol. L.