29:27 27 SERMON CLXXXIV. 28 a craint l'irritation de F ennemi: car il pouvoit bien y remedier, quand il eust voulu. Mais nous avons desia souvent declare qu'il est parle de Dieu a la facon des hommes. Ainsi, quand Dieu provoyera a une chose par un inoyen humain, et qui nous sera commun: ce n'est pas qu'il soit la attache, et qu'il ne peust de sa vertu infinie faire autrement: mais il luy plaist ainsi. Nous sommes donc admonnestez en somme, quand Dieu voudra se servir des moyens inferieurs qu'il a ordonnez en ce monde, que ce n'est pas qu'il ne puisse de soy-mesme et sans aucune aide faire ce qu'il voudra: mais il veut garder cest ordre. Comme quoy? il nous pourra bien nourrir sans pain et sans vin, et sans eau: et toutesfois il a ce moyen-la. Et pourquoy? Il luy plaist. Il nous pourra bien guerir sans medecine, si nous sommes malades: il veut toutesfois que nous en usions. Il pourra bien en temps de guerre reprimer tous nos ennemis sans que nous remuons un doigt: mais il a ordonne d'autres moyens. Voila donc en quelle sorte ce passage doit estre entendu, quand Dieu a craint l'irritation de l'ennemi: non pas qu'il ne le peust empescher, et qu'il ne luy eust peu resister, quand il eust voulu, qu'il n'eust peu clorre toutes les bouches des incredules : mais pource qu'il voit les hommes estre si malins, qu'ils ne demandent que tousiours mesdire comme a bride avalee de sa maieste: voyant cela, qu'il y veut remedier. Et par quel moyen? Celuy que bon luy semble: non pas (comme i'ay dit) que de necessite il le face, ou de contrainte: mais son bon plaisir est tel. Et ainsi : Dieu nous pourroit bien auiourd'huy raser de ce monde : et d'autre coste il rendroit bien les Papistes muets, il les rendroit bien insensez, ou bien il les feroit des troncs de bois ou des pierres, ou bien il les abysmeroit du tout, tellement que son Nom ne seroit point blaspheme: et que cependant il susciteroit un peuple tout nouveau qui le glorifiast en ce qu'il nous auroit abysmez et consommez iustement: Dieu pourroit bien faire tout cela: mais si est-ce qu'il tient une telle mesure qu'il a determinee en ses oeuvres. Voila pourquoy d'un coste il nous espargne, et de l'autre coste qu'il ne donne point occasion aux Papistes de blasphemer son sainct Nom, quand il useroit de rigueur a l'encontre de nous. Or cependant nous sommes ici admonnestez de la nature des hommes. Il est vray que Dieu parle de l'adversaire et de l'ennemi : mais ii comprend tous ceux qui n'ont point este enseignez par sa parolle, pour se rendre dociles a luy. Et quelle affection leur attribue-il? qu'ils s'estrangent, (dit-il) c'est a dire, que sans s'enquerir, sans entrer en cognoissance ils convertiront la vengeance de Dieu, en laquelle il devoit estre glorifie, ils la convertiront en calomnie: et diront: