21:27 27 VIE DE CALVIN ques a. ce qu'ieeluy-mesmes fit un recueil Latin de certains articles et argumens, qu'aucuns disoyent avoir extraits des livres de M. Iean Calvin, y adioustant certaines repliques: et fut ce livre envoye sous main a Paris, pour y estre imprime. Mais Dieu y pourveut faisant tomber l'original entre mes mains, tellement que nous-mesmes le fismes imprimer ici avec telles responses qu'il meritoit. Luy apres avoir sceu le tout ne sceut que respondre aux Pasteurs et Ministres de Basle, sinon qu'il n'estoit autheur desdits articles. Estant peu apres appele sur la doctrine du franc arbitre et de la providence de Dieu, en pleine dispute a Basle, sa doctrine fut condamnee. Et d'autant que quelques annees auparavant il avoit este receu a la profession de la langue Grecque, par ceux qui ne cognoissoyent ses erreurs, il luy fut commande de ne se mesler de bouche ni par escrit que de sa lecture, ce qu'il promit et observa tresmal, ayant tousiours continue a semer ses resveries comme il a peu. Et mesmes de haine qu'il avoit contre moy (qui pour [page 13] lors estois en France bien empesche a. mon grand regret aux guerres civiles) ou pour le moins esmeu d'une ambition desmesuree, il escrivit un livre t intitule Conseil a la France desolee, sans y mettre son nom ni le lieu de l'impression, combien qu'il fust en ville libre. La il condamne de rebellion et sedition toutes les Eglises Francoises et conseille qu'un chacun croye co qu'il voudra, ouvrant la porte par mesme moyen a toutes heresies et fausses doctrines. Ie ne daignay luy respondre a ce beau conseil qui sentoit par trop son homme bien fort lourd et ignorant de ce qu'il traittoit, et tresmal experimente en telles affaires. Mais au lieu de cela ie respondi a plusieurs poincts desquels il m'avoit taxe, y entremeslant des erreurs fort vileins et intolerables, sous ombre de defendre ce que i'avois repris en sa translation Latine. Ceste mienne response dediee aux Pasteurs de l'Eglise de Basle fut cause qu'iceluy Chasteillon fut appele par l'Eglise et puis par la Seigneurie, et luy fut enioint de respondre a ce dont ie le chargeois, et que ie m'offrois luy prouver par ses escrits: mais peu de iours apres la mort le delivra de ceste peine. Ie scay bien que ce long discours sera trouve mauvais par aucuns [page 14] comme si i'en parlois en homme passionne et ne povois mesmes souffrir les morts se reposer en leur sepulchre. Mais ie puis protester devant Dieu que iamais ie n'ay hay le personnage vivant, avec lequel aussi ie n'eus iamais affaire particulier en bien ni en mal: tant s'en faut que maintenant ie voulusse hayr et pourchasser les morts qui sont remis au iugement du Seigneur. Mais il a falu que ceci fust entendu afin que chacun se garde de ses livres et disciples qu'il a laissez apres luy.