51:263 263 SERMON II 264 de Dieu n'est pas assez cognue, sinon que l'election nous soit la mise comme devant les yeux. Car prenons le cas que Dieu ait attire les hommes d'une condition pareille, et que ceux qui veulent obtenir salut, doyvent venir par leur franc-arbitre, et par leur mouvement propre: si cela est, il est certain que nous meritons que Dieu nous accepte, et qu'il traitera chacun selon qu'il aura desservi. En quoy est-ce que la bonte de Dieu sera magnifiee ? C'est quand il nous previent par sa pure liberalite, et sans qu'il trouve en nos personnes ni en nos oeuvres pourquoy ils nous doyve aimer, neantmoins qu'il nous aime. Si cela est, il faut donc qu'il y ait election, et que Dieu prenne les uns, pource que bon luy semble ainsi, et qu'il laisse les autres. Voila donc une chose toute conclue : c'est que la gloire de Dieu n'apparoist et ne reluit pas comme il est requis, sinon qu'on cognoisse que la ou bon luy semble il desploye sa bonte et son amour. Tay desia dit que c'est un bien singulier qu'il nous fait quand sa parole nous est preschee. Et voila pourquoy tant souvent en la Loy et aux Prophetes il est dit que Dieu n'avoit point fait a toutes nations comnie a la lignee d'Abraham, d'autant qu'il l'avoit voulu choisir et adopter: et la Loy en rendoit certain tesmoignage. Alors dond les enfans d'Israel estoyent exhortez a louer Dieu, d'autant qu'il avoit bien daigne leur donner la Loy : et cependant avoit delaisse les povres Payens, comme gens qui ne luy appartenoyent en facon que ce fust. Mais c'est encores un plus grand privilege et plus special, quand il fait que ceste parole la profite. Car il est certain que nous aurions les aureilles batues iournellement de ce qu'on nous declareroit, sans qu'il nous profitast, iusques a ce que Dieu par son S. Esprit parle a nous au dedans. Il y a donc ici double grace de Dieu. L'une c'est quand il suscite gens qui nous preschent l'Evangile : car il n'y a nul idoine ni suffisant pour ce faire. Il faut donc que Dieu envoye ceux qui nous appellent a luy et qui nous proposent l'esperance de salut. Mais cependant notons bien que nous ne pouvons croire sinon d'autant que Dieu se revele a nous par son S. Esprit, et quand il aura ainsi parle a nos aureilles par la bouche d'un homme, qu'il parle a nos coeurs par son S. Esprit. Et voila pourquoy le Prophete Isaie dit au 53. chapitre: Qui est-ce qui croira a nostre doctrine, et le bras du Seigneur a qui sera-il revele? Il monstre qu'il n'y a nulle foy au monde, iusques a ce que Dieu ait besongne aux esprits et aux coeurs par'la vertu de son S. Esprit. Et voila pourquoy aussi nostre Seigneur Iesus dit, que nul ne vient a luy qu'il ne soit attire du Pere: mais quiconques (dit-il) a apprins de mon Pere, celuy-la s'assuietit a moy. Brief, nous voyons manifestement que Dieu se monstre pitoyable envers nous,