4:26 trent que les reprouvez sont quelquesfois touchez du sentiment de la grace de Dieu, qu'il ne se peut faire qu'ils ne soyent incitez en leurs coeurs a quelque desir mutuel de l'aimer. Voyla comment en Saul il y eut pour un temps quelque bonne affection de s'addonner a Dieu: duquel se voyant traitter paternellement, il estoit alleche par telle douceur de sa bonte. Mais comme l'estime qu'ont les reprouvez de l'amour paternelle de Dieu, n'est point bien fichee au profond de leur coeur: aussi ils ne l'aiment pas cordialement de leur coste comme estans ses enfans, mais sont poussez d'une affection mercenaire. Car ce n'est qu'a Iesus Christ seul que l'Esprit de l'amour de Dieu a este donne : voire a telle condition qu'il le communique a ses membres. Et de fait, le dire de sainct Paul ne s'estend pas plus loin qu'aux eleus: c'est que la charite de Dieu est espandue en nos coeurs par le sainct Esprit qui nous est donne (Rom. 5, 5). Or il parle de la charite qui engendre la fiance 1) d'invoquer Dieu, comme nous voyons a l'opposite que Dieu se courrouce d'une facon admirable a ses enfans, lesquels toutesfois il ne laisse pas d'aimer: nonpas qu'il les haisse en soy, mais il les veut espovanter de l'apprehension dc son ire, pour humilier en eux tout orgueil de la chair, pour escourre et esveiller toute paresse, et pour les soliciter a repentance. Parquoy en une mesme heure ils le cognoissent estre courrouce contre eux et leurs pechez, et ne laissent pas de se fier qu'il leur sera propice: car ils ont franchement leur refuge a luy, et d'une fiance arrestee: et ce n'est pas en feintise qualis le requierent de se vouloir appaiser. Il appert par ces raisons que plusieurs qui n'ont point de vraye foy enracinee en eux ont toutesfois quelque apparence: non pas qu'ils en facent seulement la mine et le semblant devant les hommes, mais pource qu'estans poussez d'un zele2) soudain, ils se trompent eux mesmes d'une fausse opinion. Et n'y a doute qu'ils ne soyent preoccupez d'une tardivete et pesanteur, pour ne point examiner deuement leur coeur comme il estoit requis. Il est vray semblable que ceux dont parle sainct Iean estoyent tels, quand il dit que Iesus Christ ne se fioit point en eux, combien qu'ils creussent en luy : pource qu'il ies cognoissoit tous, et savoit ce qui estoit en l'homme (Iean 2, 24. 25). Au reste, si plusieurs ne decheoyent de la foy commune (i'use de ce mot de Commune, pour la grande similitude qui est entre la foy caduque et fragile, et celle qui est vive et permanente) Iesus Christ n'eust point dit a ses disciples, Si vous persistez en ma parolle, vous serez 1) Le latin ajoute: quam supra attigi. 2) 1562: d'un tel zele. Le texte latin dit seulement: sed dum subito zeli impetu feruntur.