21:26 26 l'aye combattu avec luy: c'est un nomme Sebastian Chasteillon, lequel d'autant qu'il avoit cognoissance des langues et mesmes avoit quelque dexterite en la langue Latine, fut ici receu pour conduire l'escole. Mais cest esprit estant naturellement enclin a se plaire en soy-mesmes, se plongea tellement en sa vanite qu'a la fin il s'y est noye, pource que iamais on n'a peu gagner ce poinct sur luy qu'il print la peine de lire les Commentaires et autres escrits pour se resoudre. Cela fut cause que de plein saut il condamna le Cantique des Cantiques comme un livre sale et impudique, ce que luy estant remonstre il desgorgea publiquement mille iniures contre les Pasteurs de de ceste Eglise. Surquoy luy estant commande par le Magistrat de verifier son dire, et convaincu de manifeste malice et calomnie, la iustice luy ordonna de sortir apres avoir recognu sa faute. Estant donc en fin retire a Basle, il y a vescu depuis iusques a ce que s'estant esleve le trouble de Hierosme Bolsec sur la Predestination, cestuy-ci qui avoit tousiours tenu de la perfection Anabaptisticque, mais secretement et entre les siens, ne faisant ausurplus difficulte de s'accommoder a chacun, estant aussi grandement irrite de la mort de Servet, se descouvrit ouvertement, premierement en [page l l ] un livre qu'il fit imprimer en Latin et en Francois sous un faux nom de Martin Bellie, aux erreurs et blasphemes duquel fay respondu. Il adiousta un autre traitte qu'il appelle en Latin Theologia Germanica sous le nom de Theophile, et en Francois Traite du vieil et nouvel homme. Enfin il tourna ou ren versa plustost toute la Bible en Latin et en Francois avec une impudence et ignorance si vilaine que ce seroit merveilles comme il se peut trouver des hommes qui s'y delectent, n'estoit que la nouveaute est tousiours agreable a tous esprits ambitieux, desquels auiourd'huy il est aussi grande saison qu'il fut oncques. Il mit au devant de sa traduction une epistre adressee au feu bon Roy Eduard d'Angleterre, par laquelle sous ombre de prescher charite il renverse l'authorite des Escritures comme obscures et imparfaites pour nous renvoyer aux revelations particulieres, c'est a dire, aux songes du premier resveur qui voudra se monstrer. Il avoit fait aussi certaines annotations sur le neufieme chapitre de l'epistre aux Romains, par lesquelles il establit manifestement le Pelagianisme, et ne recognoist aucun decret de Dieu sinon [fol. 3] es choses qui sont bonnes de leur nature, forgeant en Dieu une permission contraire a sa [page 12] volonte, et nous imposant faussement que nous faisons Dieu autheur de peche. Tout cela n'esmeut aucunement le fidele serviteur de Dieu, d'autant que desia on avoit mille fois respondu a toutes telles calomnies et erreurs, ius-