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DES
LIBERTINIS.
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Quand
ce
vient
a
la
medecine,
ii
s'y
desborde
aussi
bien,
autant
ou
plus,
grinsant
les
dens,
et
se
tempestant
a
l'encontre,
a
la
facon
des
phreneticques,
qui
frappent,
esgratignent
et
mordent
ceux
qui
leur
assistent
[page
235J
pour
leur
bien.
Or
d'entreprendre
icy
de
deschiffrer
toutes
louanges
de
la
medecine,
et
exposer
par
le
menu
comment
c'est
un
art,
non
seulement
bon
et
de
Dieu,
mais
digne
d'estre
prise
et
honore:
ce
seroit
un
trop
long
propos.
De
respondre
aussi
a
toutes
les
calomnies
dont
il
la
diffame
ce
seroit
un
trop
long
proces
a
demener.
Mais
il
y
a
un
bien,
qu'il
n'est
ia
grand
besoing
d'user
de
grande
prolixite,
pour
reprouver
des
raisons
si
sottes
qu'il
les
amene,
et
pour
maintenir
une
cause
si
certaine
et
liquide,
comme
est
celle
qu'il
impugne.
Pour
le
premier,
c'est
une
honte,
qu'il
faille
debattre
avec
ceux
qui
s'appellent
Chrestiens,
et
veulent
estre
estimez
telz,
qui
plus
est,
veulent
faire
des
docteurs,
d'une
chose
qui
de
tout
temps
a
este
toute
resolue
entre
les
payens.
Car
ce
a
este
une
sentence
commune
entre
eux,
que
la
medecine
est
un
don
de
Dieu.
Combien
que
ie
ne
demande
pas
que
cela
luy
emporte
aucun
preiudice,
sinon
entant
que
la
verite
sera
patente
a
chacun.
Il
dict
que
[page
236]
la
medecine
est
venue
au
monde
par
la
suggestion
de
l'esprit
maling.
Ie
dis,
et
qui
plus
est,
ie
prouve,
qu'elle
est
venue
de
Dieu:
entant
que
c'est
une
science
de
bien
user
des
creatures
qu'il
nous
donne,
selon
les
necessitez
ausquelles
il
nous
assubiectist.
Car
tout
ainsi
que
Dieu,
ayant
assubiecty
noz
corps
a
sain
et
a
soif,
nous
a
donne
a
boire
et
a
manger,
pour
subvenir
a
ceste
indigence:
nous
ayant
assubiectis
au
froit
et
au
chaut,
nous
a
donne
des
aides
pour
y
remedier
:
pareillement
nous
ayant
assubiectis
a
maladies,
nous
a
donne
dequoy
y
prouvoir.
Celuy
qui
niera
que
les
maladies
procedent
des
qualitez
vitieuses
du
corps,
avec
accidens
et
exces
qui
surviennent
d'ailleurs,
meritera
bien
d'estre
reiecte
de
tous
comme
un
homme
insense.
La
vertu
des
herbes
et
autres
choses
se
congnoist
par
experience:
tellement
que
quiconque
a
une
goutte1)
de
cervelle,
le
voit
a
l'oeil.
L'escriture
dict
que
Salomon
fit
un
livre
pour
les
declairer
(1
Rois
4,
33).
Une
telle
congnoissance
naturelle,
qui
gist
en
raison
evidente,
et
est
approuvee
[page
237]
par
l'escriture
saincte,
doit
elle
estre
tenue
pour
enchantement
ou
illusion
de
Sathan?
Quand
S.
Paul
fait
mention
de
sainct
Luc
il
le
nomme
medecin:
Luc,
dit-il,
medecin
vous
salue
(Col.
4,
14).
Le
veut
il
deshonnorer
par
ce
tiltre,
comme
s'il
l'appelloit
brigant
ou
larron?
Ie
demande
maintenant
a,
ce
maistre
correcteur
l'approbation
de
son
dire:
c'est
que
la
medecine
1)
micam.
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