10.1:245 QUAESTIONES IURIDICAE. DE USURIS, i) Iehan Calvin a quelquun de ses amys. Ie nay point encore experimente mais ay appris par les exemples des aultres combien il est perilleux de rendre response a la question de laquelle vous me demandes conseil: car si totallement nous defendons les usures nous estraignons les consciences dun lien plus estroict que Dieu mesme. Si nous permettons le moins du monde plusieurs aincontinent soubs ceste couverture prennent une licence effrenee dont ils ne peuvent porter que par aulcune exception on leur limite quelque mesure. Si iescrivoye a vous seul ie ne craindroye point telle chose, car vostre prudence et la moderation de vostre courage m'est bien cogneue: mais pource que vous demandez conseil pour un aultre ie crains que en prenant un mot il ne se permette quelque peu plus que ie ne desire. Au reste pource que ie ne doubte point que selon la nature de l'homme et la chose presente vous considererez bien ce qui est expedient et combien,2) ie vous declereray ce quil me semble. Premierement il ny a point de tesmoignage es escritures par lequel toute usure soit totallement condamnee Car la sentence de Christ vulgairement estimee tres manifeste, cest ascavoir prestez3) (Luc. 6, 35) a este faulsement destournee en ce sens: car ainsi comme allieurs reprenant les convives4) sump- 1) Le texte original est conserve dans une ancienne copie du Cod. Genev. 145, fol. 107 suiv. ' ll en existe deux traductions, V une manuscrite dans le meme codex a la suite de V original, et a la bibliotheque imperiale^ Coll. Dupuy vol. 102, fol. 55, V autre imprimee dans les Epp. et Besp. ed. Genev. p. 855, Laus. p. 664, Hanov. p. 747, Chouet p. 488, Amst. p. 223. Il importe de remarquer que le mot usure n'a pas ici le sens que nous lui donnons aujourd'hui. 2) quid expediat et quatenus. 3) Mutuum date nihil inde sperantes. 4) convivia.