4:24 ou bien qu'ils ayent la vraye clarte de foy: mais pource que Dieu, afin de les tenir convaincus et rendre tant plus inexcusables, s'insinue en leurs entendemens, voire entant que sa bonte peut estre goustee sans l'Esprit d'adoption. Si quelqu'un replique que les fideles donc n'auront point ou s'asseurer, et ne pourront iuger comment ils sont adoptez de Dieu: ie respon, combien qu'il y ait grande similitude et affinite entre les eleus et ceux qui ont une foy caduque et transitoire, que toutesfois la fiance dont parle sainct Paul (Gral. 4,* 6), assavoir d'oser invoquer Dieu pour Pere a pleine bouche, n'a sa vigueur qu'aux eleus. Parquoy comme Dieu regenere les eleus seulement a perpetuite par la semence incorruptible, et ne souffre que iamais ceste semence *) qu'il a plantee en leurs coeurs perisse: aussi il n'y a doute qu'il ne seelle en leurs coeurs d'une facon speciale la certitude de sa grace, 2) a ce qu'elle leur soit plenement ratifiee. Mais cela n'empesche point que le sainct Esprit n'ait quelque operation plus basse aux reprouvez. Cependant les fideles sont advertis de s'examiner songneusement et en humilite, de peur qu'au lieu de la certitude de foy qu'ils doyvent avoir, il ne s'insinue en leur coeur quelque presomption de la chair avec nonchalance. Il y a un autre point: c'est que les reprouvez ne concoyvent iamais sentiment de la grace de Dieu qu'en confus: tellement qu'ils apprehendent plustost l'ombre que le corps et la substance, pource que le sainct Esprit ne seelle et ne cachette proprement la remission des pechez sinon aux eleus, a ce qu'ils en ayent une fiance particuliere pour en faire leur profit. Toutesfois on peut dire en quelque maniere, que les reprouvez croyent que Dieu leur soit propice: pource qu'ils acceptent le don de reconciliation, combien que ce soit en confus et sans droite resolution. Non pas qu'ils soyent participans avec les enfans de Dieu d'une mesme foy ou regeneration : mais pource que sous la couverture d'hypocfrisie il semble qu'ils ayent un principe de foy commun avec eux. Ie ne nie pas que Dieu n'esclaire leurs entendemens iusques la, de leur faire cognoistre sa grace: mais il distingue tellement ce sentiment qu'il leur donne, d'avec le tesmoignage s) qu'il engrave aux coeurs de ses fideles, que la fermete4) et vraye efficace qu'ont les fideles est tousiours incognue aux autres. Et de fait, iamais Dieu ne se monstre propice aux reprouvez, comme s'il les retiroit de la mort pour les prendre en sa garde: mais seulement leur 1) Le latin ajoute: vitae. 2) de sa grace, le latin porte ; adoptionis suae gratiam. 3) le tesmoignage, le latin: peculiari testimonio. 4) que la fermete . . . . autres, le latin est beaucoup plus clair: ut ad solidum effectum et fruitionem non perveniant (scil. reprobi).