29:221
221
SUR
LE
DEUTER.
CHAP.
XXXIV.
222
faut
aussi
venir
a
la
mesure.
Car
on
pourroit
pleurer
pour
iuste
raison,
mais
si
nous
laschons
par
trop
la
bride
a
nostre
dueil,
encores
y
aura-il
de
la
faute
et
du
vice.
Comme
quoy?
Si
nous
pleurons
pour
nos
pechez
sans
nous
consoler,
nous
serons
comme
engloutis
de
tristesse:
et
voila
pourquoy
il
y
a
souvent
des
murmures
et
despittemens
a
l'encontre
de
Dieu.
Or
sainct
Paul
nous
remonstre,
quand
nous
pleurons
ainsi
sur
le
trespas
de
nos
amis
et
de
nos
parens,
ou
de
ceux
qui
servent
a
l'Eglise
de
Dieu:
qu'il
ne
faut
pas
que
nous
ressemblions
aux
incredules,
lesquels
(dit-il)
n'ont
nulle
esperance,
et
par
ce
moyen
ne
se
peuvent
consoler.
Sainct
Paul
en
ce
passage-la
ne
dit
pas
que
ce
soit
peche
de
pleurer,
il
ne
condamne
point
la
chose
du
tout:
mais
il
nous
monstre
que
nos
pleurs
doyvent
estre
moderez,
d'autant
que
Dieu
nous
donne
consolation,
quand
il
nous
appelle
a
l'esperance
de
la
vie
^celeste,
la
ou
nous
serons
renouvellez.
Ainsi
donc
que
nous
cognoissions
que
Dieu
nous
humilie
par
la
mort,
et
qu'il
nous
faut
aller
en
pourriture
comme
des
charongnes
puantes,
et
qu'il
semble
mesmes
que
les
ames
s'esvanouissent,
et
que
tout
soit
perdu
:
combien
(di-ie)
qu'ayant
cest
esgard-la
il
nous
faut
pleurer
pour
nos
pechez,
toutesfois
nous
devons
tousiours
revenir
la,
que
Dieu
par
sa
bonte
infinie
encores
a
pitie
de
nous,
et
qu'il
ne
veut
point
que
nous
perissions
en
la
mort,
mais
qu'elle
nous
soit
comme
un
passage
a
la
vie
eternelle:
et
ceste
esperance-la
est
bien
pour
nous
resiouir
au
milieu
de
nos
tristesses
:
pour
le
moins
cela
nous
doit
estre
une
bride
pour
reprimer
nos
pleurs,
qu'ils
ne
se
iettent
point
hors
des
gonds,
et
qu'il
ne
nous
advienne
point
de
nous
despitter
contre
Dieu:
ainsi
que
nous
voyons
que
les
incredules
se
tempestent,
qu'ils
hurlent,
qu'ils
crient,
et
n'y
a
nul
moyen
de
les
retenir.
Et
pourquoy?
Car
il
n'y
a
nulle
consolation,
qui
est
la
mere
de
patience.
Mais
quand
Dieu
nous
rappelle
a
ceste
esperance
qu'il
nous
donne,
voila
comme
apres
avoir
pleure
et
gemi,
nous
avons
dequoy
luy
rendre
graces,
benir
son
sainct
Nom,
et
nous
contenter
de
ce
qu'il
n'use
point
de
rigueur
extreme
contre
nous.
Et
ainsi,
quand
nous
pleurerons,
voyant
que
nostre
Seigneur
nous
aura
oste
ceux
qui
nous
pouvoyent
servir
de
beaucoup,
si
ne
fautil
point
pour
tant
tomber
en
desespoir,
comme
si
Dieu
n'avoit
nul
moyen
de
nous
secourir.
Car
il
en
pourra
mesmes
susciter
des
pierres,
quand
bon
luy
semblera.
Il
faut
donc
recourir
a
luy,
quand
nous
aurons
cogneu
quelque
signe
de
son
ire:
apres
avoir
confesse
nos
fautes,
et
luy
en
avoir
demande
pardon,
si
faut-ii
que
nous
attendions
qu'il
nous
sera
propice,
et
qu'en
trouvant
merci
en
luy,
nous
trouverons
aussi
remede
a
toutes
nos
douleurs.
Voila
la
mesure
dont
il
parle,
qu'apres
avoir
pleure
pour
|