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la
congregation
des
fideles,
dont
parle
sainct
Luc.
Chacun
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169]
retenoit
bien
son
mesnage,
et
gouvernoit
son
bien
a
part.
Mais
ilz
avoyent
une
telle
fraternite,
que
nul
n'enduroit
indigence.
Or,
comme
i'ay
dict,
c'est
un
vray
miroir
de
la
dilection
Chrestienne,
et
auquel
nous
devrions
bien
mettre
peine
de
nous
conformer.
Et
pleust
a
Dieu
que
Quintin
et
ses
complices,
peussent
remettre
sus
une
telle
reformation.
Ie
n'aurois
garde
de
leur
resister.
Mais
ce
n'est
pas
ce
qu'ilz
cherchent,
ne
ou
ilz
pretendent.
Leur
but
est
de
mettre
tout
en
confusion.
Car
ilz
insistent
sur
ce
poinct,
que
nul
ne
doit
rien
avoir
de
propre.
Et
au
lieu
d'accepter
la
response
que
i'ay
faicte,
ilz
repliquent
qu'il
s'ensuit
apres,
que
tous
ceux
qui
avoyent
possessions
les
vendoyent.
Ainsi
selon
leur
phantasie
nul
ne
peut
estre
Chrestien,
qu'en
se
despouillant
de
tout
ce
qu'il*
a.
Ie
respons
a
cela
:
qu'ilz
faillent
doublement.
Car
pour
un
item,
sainct
Luc
ne
dict
pas
que
tous
vendissent.
Et
touchant
ceux
qui
vendoyent,
il
ne
dict
pas
qu'ilz
vendissent
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170]
tout,
sans
se
rien
laisser.
Afin
qu'ilz
n'alleguent
point,
que
ie
leur
forge
une
solution
de
ma
teste:
ie
vous
prie,
est
il
vray
semblable,
que
si
tous
eussent
vendu,
sainct
Luc
en
eust
seulement
mis
deux
en
avant
pour
exemple;
dont
l'un
mesme
estoit
un
hypocrite,
qui
vouloit
tromper
Dieu?
Il
nomme
Ioses
Cyprien,
qui
vendit
un
champ
a
la
verite,
induict
par
bonne
affection.
Le
second
qu'il
nomme,
le
faisoit
par
vaine
gloire,
et
n'apporta
qu'une
partie
du
pris.
Est-il
a,
croire,
que
d'environ
six
mille
fideles,
ou
d'advantage,
qui
estoyent
a
lors,
tous
ceux
qui
avoyent
heritaiges,
les
eussent
vendus:
et
que
sainct
Luc
en
produist
un
seul
pour
exemple?
Pay
dit
pour
le
second
poinct,
que
les
fideles
mesmes,
qui
ont
vendu
de
ce
temps
la.
leurs
heritaiges
pour
ayder
a
leurs
povres
1)
freres,
n'ont
pas
tellement
tout
vendu,
qu'il
ne
leur
soit
rien
demeure.
Car
chacun
ne
laissoit
pas
de
tenir
son
mesnage,
nourrir
sa
famille,
et
user
des
biens
que
Dieu
luy
avoit
donnez.
Qu'ainsi
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soit,
il
est
adiouste
puis
apres,
que
Tabitha
femme
excellente
en
charite
par
dessus
les
autres,
faisoit
grandes
aulmosnes
(Act.
9,
39).
D'ou
les
eust
elle
faictes,
si
elle
eust
quiete
tout
son
bien?
Il
est
dict
que
sainct
Pierre
estoit
loge
ches
Simon
cordoanier2)
(Act.
10,
6).
Ce
qui
ne
se
pouvoit
faire,
qu'il
n'eust
eu
maison
et
famille.
Autant
en
est
il
dit
puis
apres
de
Marie
mere
de
Iehan:
assavoir
que
sainct
Pierre
estant
miraculeusement
tire
hors
de
la
prison
par
l'Ange,3)
vint
en
la
maison
d'icelle
(Act.
12,
12).
Autant
aussi
de
Lydie
(Act.
16,
15).
Car
1)
La
premiere
edition
met.
propres.
2)
le
cordonnier
1566;
le
conroyeur
1611.
3)
par
l'Ange,
manque
dans
la
traduction.
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