29:218 qu'il y ait, demeurent en leur degre et en leur place, et qu'elles n'ont point occuppe le lieu de Dieu, ni son empire souverain. LE DEUXIESME SERMON SUR LE CHAP. xxxiV. V. 7.11. DU MERCREDI 15K DE IUILLET 1556. Il estoit besoin que les Iuifs apres la mort de Moyse cogneussent le bien que Dieu leur avoit fait par le moyen d'un tel homme: car nous savons que les graces de Dieu se mettent bien tost en oubli, et sur tout en cest endroit les hommes declarent leur malice. Car combien qu'ils soyent conveincus que Dieu les aura aidez, voire avec signes et miracles: si est ce qu'ils voudroyent passer cela tantost. Pour ceste cause notamment il est ici dit: Que Moyse a eu sa vigueur et toutes ses forces iusques a V aage de six vingts ans. Or nous savons ce qui est escrit en son Cantique, au Pseaume 90. que depuis que l'homme vient a. soixante ans, il n'y a plus sinon fascherie et chagrin, qu'il n'y a que douleur, qu'il ne se fait que trainer et languir. Voila que c'est de nostre vie. Encores que nous ayons este robustes, si est-ce qu'on nous voit defaillir a veue d'oeil, quand on passe les soixante ans: et c'est grande chose qu'un homme parvienne iusques la, ie di en telle force. Or maintenant quand il est recite que Moyse est parvenu au double : en cela voit-on que Dieu l'a fortifie outre la facon commune des hommes. Et ce n'a pas este seulement a cause de luy, mais afin qu'il peust suffire a la charge qui luy estoit commise. Si le peuple n'eust pas este ingrat, encores falloit-il qu'il fust introduit en la terre promise, et alors Moyse y fust entre : mais sa vie luy est prolongee de long temps, a cause de la malice du peuple. Or ici nous voy/ ons une bonte admirable de Dieu : car puis que le peuple est condamne a mourir au desert, c'est a dire, tous ceux qui alors avoyent discretion de bien et de mal : si Moyse fust trespasse quant et quant, c'estoit une grande desolation. Or Dieu 1e reserve: combien qu'il chastie le peuple, tant y a qu'encores il modere sa rigueur. Nous voyons donc ici (en somme) que Dieu n'a point voulu punir le peuple en telle extremite, quand il luy declaira qu'il mourroit au desert, qu'encores il n'ait proveu a ce qui estoit le principal, c'est assavoir qu'il y eust un bon conducteur. Car c'est un thresor inestimable. Et puis nous voyons comme Dieu a besongne en Moyse d'une vertu qui n'estoit point commune aux hommes, c'est assavoir, qu'en l'aage de six vingts