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DES
LIBERTINS.
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sie,
nostre
Seigneur
luy
decouvre
sa
maladie
qui
luy
estoit
cachee.
Il
estoit
riche
et
avoit
son
affection
a
ses
biens:
et
ne
eongnoissoit
point
que
cela
fust
vice.
Nostre
Seigneur
donc
le
vient
gratter
sur
sa
rongne,
a
fin
qu'il
congnoisse
son
mal,
et
qu'il
ne
se
vante
plus
d'avoir
accomply
des
son
enfance
tous
les
commandemens
de
la
loy.
Dequoy
il
estoit
bien
loing.
C'est
donc
une
lourde
sottise,
de
tirer
ceste
sentence
qui
a
servy
a
esprouver
le
cueur
d'un
homme
en
especial,
pour
en
faire
une
doctrine
universelle.
Au
reste
c'est
bien
raison
qu'un
chacun
de
nous
soit
prest,
non
seulement
a
vendre
mais
a
perdre
ce
qu'il
a,
pour
l'honneur
[page
167]
de
Dieu:
et
que
ceux
qui
ont
abondance
de
biens
en
main
soyent
neantmoins
povres
de
cueur.
Mais
nous
voyons
bien
que
la
vendition
actuelle
n'est
par
requise
de
tous
ceux
que
nostre
Seigneur
instruit
a,
perfection
chrestienne,
pour
dire
qu'ilz
ne
puissent
estre
chrestiens
sans
se
desnuer
de
tous
leurs
biens.
Ilz
ont
semblablement
ce
qui
est
escrit
aux
Actes
(4,
32
ss.),
que
nul
des
disciples
ne
disoit
rien
de
ce
qu'il
avoit,
estre
sien:
mais
que
tous
apportoyent
leur
substance
aux
piedz
des
apostres.
Mesme
que
ceux
qui
avoient
champs
et
possessions
les
vendoyent,
pour
en
faire
argent,
a
fin
de
subvenir
a
l'indigence
des
povres.
C'est
certes
un
bel
exemple
que
cestuy-la,
moyennant
qu'il
fust
bien
applique.
Et
plust
a
Dieu
qu'il
y
eust
auiourdhuy
une
telle
affection
de
charite
en
tous
ceux
qui
se
nomment
Chrestiens.
Car
chacun
seroit
subvenu
en
sa
necessite:
et
les
biens
que
Dieu
nous
donne
seroyent
autrement
departis
en
meilleure
sorte
que
ilz
ne
sont
pas.
1)
Mais
ces
accariastres2)
imaginent
bien
une
autre
chose,
que
n'a
pas
voulu
dire
sainct
Luc.
Parquoy
a
fin
de
ne
point
tomber
en
ceste
resverie,
de
laquelle
ilz
se
decoyvent,
et
troublent
le
monde:
advisons
quelle
communication
de
biens
denote
sainct
Luc,
en
disant
que
nul
n'appelloit
propre
ce
qu'il
avoit.
C'est
une
facon
de
parler
qui
est
commune
a
tous
langages,
de
dire,
en
parlant
d'un
homme
liberal,
qu'il
n'a
rien
a
soy,
d'autant
qu'il
a
tousiours
la
main
ouverte,
pour
secourir
a
ceux
qui
ont
faute.
Par
plus
forte
raison,
quand
il
y
auroit
une
compaignie
d'amis,
d'un
si
bon
accord,
que
l'un
ne
voulust
point
faillir
a
l'autre
au
besoing:
mais
que
chacun
fust
prest
d'aider
a
son
prochain:
on
pourroit
dire
que
telles
gens
n'ont
rien
de
propre.
Voire,
combien
que
ce
pendant
chacun
tiendroit
son
mesnage,
iouyroit
de
son
bien,
auroit
le
maniement
de
ses
possessions
et
de
sa
chevance,
sans
que
tout
fust
mis
en
un
monceau
comme
en
confus.
Telle
estoit
1)
quam
hodie
fieri
solet.
2)
vertiginosi.
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