29:217 217 SUR LE DEUTER. CHAP. XXXIV. 218 bien d'estre seduits en facon que ce soit. Voila donc ce que nous avons a noter quant a ce que sainct Iude enseigne du corps de Moyse. Or il y a encores ce mot qu'il met: Homme n1 a cogneu le sepulchre iusques auiourdhuy. Nous ne savons pas qui a este celuy des Prophetes qui a escrit ce dernier chapitre. Les Iuifs diront bien que c'a este Iosue: mais leur coniecture n'est nullement fondee: et plustost il est vray-semblable que le mesme Prophete qui a fait le recueil du livre de Iosue, ait quant et quant escrit la mort de Moyse. Cependant ce n'est pas sans cause qu'il est dit: Que nul homme iusques auiourd'huy : car c'est pour signifier que ce n'est point seulement pour un iour que Dieu a voulu que le corps de Moyse fust ainsi cache: car on eust peu dire: Et bien, il est vray que le corps de Moyse a este incogneu aux hommes: mais c'estoit pour le commencement: car les premiers bouillons sont un peu trop impetueux, et Dieu voyoit bien que le peuple pouvoit estre esmeu d'une affection trop grande, et qu'il eust peu se corrompre par ce moyen-la. Il ne se faut point donc esbahir si le sepulchre de Moyse pour trois iours, pour un mois, ou pour un an a este incogneu: car ce peuple- la estoit trop enflamme : mais quand cela a este enseveli, alors on l'a cogneu. Or nostre Seigneur monstre qu'il a bien cogneu que les hommes sont subiects a idolatrie, non point pour un iour tant seulement: mais que iusques en la fin ce vice-la est tellement enracine en nous, que si tost que nous en avons quelque petit obiect, nous sommes incontinent desbordez. Notons bien donc que nous devons estre sur nos gardes, car l'idolatrie n'est point pour un temps, mais pour iamais: que ous prenons du ventre de la mere ceste maudite inclination-la, que nous serons facilement desbauchez du service de Dieu. C'est donc ce que nous avons a retenir de ce passage. Et ainsi, travaillons tout le temps de nostre vie a cheminer selon que Dieu l'ordonne, et gardons aussi d'estre transportez apres les illusions de Satan. Et quand nous-nous serons maintenus au service de Dieu, enseignons nos enfans de faire le semblable, et que tousiours cela s'entretienne au monde, a ce que Dieu soit servi de tous d'un commun accord: que si nous sommes lasches en cest endroit, nous serons esbahis qu'incontinent le Diable aura gagne sur nous, et ne faudra que tourner la main, et voila un changement horrible qui aura tout corrompu et perverti. Voyans cela, que nous soyons fermes et constans, que nous ayons un tel zele de faire que Dieu soit purement adore, que cela ne demeure point seulement pour un iour: mais qu'il continue iusques en la fin, et que d'aage en aage nous puissions protester que le Nom de Dieu est invoque sur nous, et qu'il a toute preeminence : et que les creatures, quelque excellence