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point
en
gourmandise
ou
intemperance,
en
soinptuosite
ou
en
choses
superflues,
en
orgueil
ou
en
vanite:
mais
en
prenant
moderement
[page
164]
son
usage,
employe
la
faculte
qui
luy
est
donnee
a
ayder
ses
prochains
et
les
subvenir,
se
congnoissant
comme
recepveur
de
Dieu
a
posseder
les
biens
qu'il
a,
a
telle
condition
qu'il
en
rende
une
fois
compte:
pensant
tousiours
a
la
comparaison
que
faict
sainct
Paul
des
biens
de
ce
monde,
avec
la
manne
(2
Cor.
8,
15),
c'est
que
celuy
qui
en
a
grande
quantite
n'en
prenne
que
sa
refection:
et
celuy
qui
n'en
a
gueres
n'ait
point
de
faute:
brief,
que
comme
Iesus
Christ
s'est
donne
a
nous,
aussi
que
par
charite
nous
advisions
de
communicquer
a
noz
prochains
les
graces
que
il
nous
a
donnees:
communiquant
par
ce
moyen
a
leur
indigence,
d'autant
que
nous
les
secourons
en
icelle.
Voila
comment
il
y
faut
proceder,
et
le
moyen
qu'il
y
faut
tenir.
Pource
que
nous
ne
le
faisons
point,
congnoissons
que
c'est
une
iuste
vengeance
de
Dieu,
que
ces
enragez
viennent
ainsi
a
renverser
tout
ordre,
voulant
oster
toute
distinction
de
biens,
faisant
de
tout
le
monde
comme
d'une
forest
de
brigans,
ou
sans
compter
ne
sans
payer,1)
chacun
prenne
[page
165]
comme
sien
ce
qu'il
pourra
avoir.
Or
il
y
a
tant
de
tesmoignages
de
l'escriture,
pour
reprouver
ceste
vilaine
confusion,
que
si
les
voulois
tous
reciter,
il
n'y
auroit
nulle
fin.
Contentons
nous
que
nostre
Seigneur
ne
nous
commande
point
de
quiter
tout,
et
que
celuy
qui
a
des
biens,
les
piaeque
la:
2)
mais
nous
exhorte
seulement
a
en
bien
user.
Il
n'oste
point
les
contractz
humains,
et
moyens
politiques,
dont
les
hommes
usent
entre
eux
pour
gangner
leur
vie:
mais
les
reduict
seulement
a
droicture
et
verite.
Ce
seroit
donc
chose
superflue
d'alleguer
icy
beaucoup
de
tesmoignages
a
ce
propos:
veu
que
toute
l'escriture
en
est
si
pleine,
que
nul
ne
les
peut
ignorer.
Mais
ces
frenetiques,
pour
donner
couleur
a
leur
erreur,
alleguent
ce
que
les
moynes
ont
pretendu
pour
prouver
que
leur
estat
estoit
parfait
et
Angelique.
C'est
ce
que
nostre
Seigneur
dist
au
ieune
homme
qui
luy
avoit
demande
ce
qu'il
feroit
pour
entrer
au
royaume
de
Dieu:
Va
et
vends
tout
ce
que
tu
as,
et
[page
166]
donne
le
aux
povres,
et
suys-moy
(Matth.
19,
21).
Mais
la
solution
est
facile.
Car
nostre
Seigneur
ne
prononce
point
la
une
sentence
generalle
qui
conviene
a
tous:
mais
a
esgard
a
la
personne
de
l'homme
qui
parle
a
luy.
Car
comme
ainsi
soit,
qu'il
pensast
s'estre
tres
bien
acquite
envers
Dieu,
observant
tous
les
commandemens
de
la
loy
et
que
par
ce
moyen
il
se
deceust
en
hypocri-
1)
Le
traducteur
ajoute,
aut
nulla
fide
habita.
2)
si
divitiis
affluimus,
eas
penitus
abdicemus
a
nobis.
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