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CONTRE
LA
SECTE
216
couleur,
en
se
complaignant
de
l'avarice
de
ceux
qui
se
nomment
Chrestiens,
d'autant
qu'on
voit
un
chascun
estre
tellement
apres
pour
en
avoir,
que
la
plus
part
communement
sont
comme
gouffres
ou
bestes
affamees.
Et
de
faict
il
ne
faut
doubter
que
nostre
Seigneur
ne
permette,
et
quasi
lasche
la
bride
a
Sathan,
pour
susciter
telz
furieux,
qui
taschent
a
mettre
ainsi
les
biens
en
proye,
pour
punir
l'ingratitude
de
ceux
qui
en
abusent:
c'est
a,
dire
quasi
de
tout
le
monde.
On
voit
comment
petis
et
grans
sont
auiourdhuy
embrasez
comme
fournaises,
d'une
cupidite
enragee
d'amasser
et
attirer
a
eux.
On
voit
de
quelz
moyens
et
traficques
ilz
taschent
de
s'enrichir.
On
voit
comment
ceux
qui
ont
des
biens
les
gourmandentl)
tous
seulz,
ou
les
tiennent
serrez,
sans
avoir
pitie
de
leurs
[page
162]
povres
freres,
pour
subvenir
a
leur
indigence,
en
leur
communiquant
de
ce
qu'ilz
ont
entre
mains.
Nous
ne
voulons
point
escouter
les
remonstrances
que
Dieu
nous
en
faict.
C'est
donc
bien
raison
que
le
Diable
esmeuve
ces
tisons
d'enfer,
pour
redoubler
le
desordre,
que
nous
ne
corrigeons
point,
selon
que
Dieu
nous
en
admoneste.
Parquoy
il
est
besoing
de
commencer
par
ce
bout,
que
nous
scachions
quelle
affection
nostre
Seigneur
veut
que
nous
ayons
vers
les
biens.
Quelz
sont
les
moyens
licites
de
les
acquester.
Quel
en
est
le
droict
usaige
et
legitime.
Le
premier
poinct
donc
est
que
nous
n'appetions
point
les
biens
de
ce
monde
par
convoitise:
que
si
nous
sommes
en
povrete,
que
nous
la
portions
patiemment:
si
nous
avons
des
richesses,
que
nous
n'y
mettions
point
nostre
cueur,
ne
nostre
fiance:
que
nous
soyons
prestz
de
les
quicter,
quand
bon
semblera
a
Dieu:
les
ayant
ou
ne
les
ayant
point,
que
nous
les
mesprisions
comme
choses
caduques:
estimant
plus
la
seulle
benediction
[page
IG3]
de
Dieu,
que
tout
le
monde:
et
cherchant
le
regne
spirituel
de
Iesus
Christ,
sans
nous
envelopper
de
convoitises
mauvaises.
Le
second
poinct
est,
que
nous
travaillons
honnestement
pour
gaigner
nostre
vie:
que
nous
prenions
le
gaing
qui
nous
viendra,
comme
de
la
main
de
Dieu:
n'usant
point
de
mauvaises
traficques
pour
attirer
a
nous
le
bien
d'autruy:
mais
servant
a
noz
prochains
en
bonne
conscience:
que
nous
prenions
le
profit
de
nostre
labeur,
comme
un
iuste
salaire:
qu'en
vendant
et
en
achetant
nous
n'usions
point
de
fraudes,
ne
cautelles,
ne
mensonges:
mais
que
nous
allions
rondement
en
besongne,
et
en
telle
loyaute
que
nous
requerrions
des
autres.
Le
dernier
poinct
est,
que
celuy
qui
n'a
gueres,
ne
laisse
point
de
remercier
Dieu,
et
manger
son
pain
avec
contentement,
que
celuy
qui
a
beaucoup,
n'en
abuse
1)
ingurgitant.
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