7:211
211
CONTRE
LA
SECTE
212
n'y
a
nulle
facon
de
vivre
au
monde,
qui
ne
leur
soit
bonne,
non-obstant
que
Dieu
la
condamne
par
sa
parolle.
Comme
la
prestrise
papale
leur
est
bonne:
et
ainsi
a
leur
phantasie,
un
chanoine,
ou
autre
maleficio,
1)
doit
demeurer
en
sa
fange,
manger
les
offrandes
faictes
aux
idoles,
se
nourrir
de
sacrileges,
chanter
Messe
et
faire
choses
semblables:
car
c'est
sa
vocation.
Un
moine
se
doit
tenir2)
en
son
cloistre,
comme
un
pourceau
en
son
auge:
car
c'est
sa
vocation.
De
la
vint
que
Quintin
assistant
une
fois
a
la
Messe
solennelle
d'un
Cardinal,
disoit
qu'il
veoit
la
gloire
de
Dieu.
Et
non
seulement
soubz
ceste
couleur
ilz
approuvent
tous
ces
estatz,
qui
sont
repugnans
a
la
verite
de
l'Escriture:
mais
aussi
ceux
que
les
payens
de
leur
sens
naturel
condamnent.
Qu'un
macquereau,
disent
ilz,
face
son
mestier:
qu'un
larron
desrobe
[page
152]
hardiment
:
car
c'est
raison
que
chacun
poursuyve
sa
vocation.
Si
quelqu'un
replique
au
contraire,
comment
ce
sont
choses
si
villaines,
que
la
nature
mesme
nous
enseigne
de
les
avoir
en
horreur:
ilz
respondent
qu'il
suffist
de
cela,
que
chacun
doit
vivre
en
sa
vocation.
Or
nous
avons
desia
monstre
le
moyen
de
redarguer
ce
blaspheme:
c'est
de
considerer
ou
Dieu
nous
appelle:
et
tenir
pour
vocation,
tout
estat
qu'il
prise
et
tient
pour
legitime.
Toute
facon
de
vivre
qui
n'a
tesmoignage
de
sa
volunte,
la
tenir,
non
seulement
pour
incertaine
et
perilleuse:
mais
pour
une
course
erronee,
comme
d'un
homme
qui
est
esgare
hors
de
son
chemin
et
ne
sait
ou
il
va.
Au
reste
ce
qui
est
repugnant
a
la
parolle
de
Dieu,
on
le
peut
reprouver
par
icelle,
et
le
tenir
pour
une
certaine
entree
d'enfer.
Le
second
poinct
est,
qu'en
tous
les
mesus3)
et
corrupteles
qui
regnent
par
tous
les
estatz
du
monde}
il
n'y
a
point
de
mal.
Nous
voyons
auiourdhuy
le
monde
si
deprave,
qu'en
tous
estatz,
[page
153]
mesme
qui
sont
de
soy
legitimes,
il
y
a
tant
de
mauvais
accidents
que
c'est
pitie.
Non
pas
que
les
estatz
laissent
d'estre
bons
et
licites
pourtant:
mais
les
vices
sont
a
corriger.
Comme
la
noblesse
est
pleine
de
vanite,
de
pompes
excessibles,
d'orgueil,
de
dissolutions
et
insolences,
de
blasphemes,
d'ambition.
La
iustice,
pleine
de
faveurs,
d'avarice,
de
cautelles,
et
mesme
que
c'est
quasi
une
escorcherie.
La
marchandise,
pleine
de
mensonges,
de
meschantes
trafiques,
de
periures,
de
deceptions,
de
rapines,
de
cruaute.
Brief,
il
n'y
a
vocation,
ou
il
ne
se
commette
beaucoup
d'abus.
Ces
bons
docteurs
ne
veulent
point
qu'on
distingue
entre
l'ordonnance
pure
de
Dieu,
et
la
corrupit)
Le
traducteur
met
maleficiatus,
quod
vocant:
V
auteur
xi
voulu
parodier
le
terme
usite
de
heneficier.
2)
stertere
ac
saginari.
3)
abus
1566
suiv.
|