51:21 21 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 22 moyennant qu'ils satisfacent a leur appetit de vengeance. Et qu'y gagnerez vous? dit sainct Paul. De nature vous taschez a vous conserver : car nous avons cela de commun avec les bestes. Voila une beste qui n'a nulle raison ni intelligence, si est-ce toutesfois qu'elle tasche a se maintenir et fuit toute nuisance. Les hommes par plus forte raison, qu'ils discernent entre le bien et le mal, auront cela qu'ils tascheront a se maintenir et a demourer en leur entier. Or. regardons maintenant qu'apportent aux haines les combats, les noises, les dissections, les calomnies qui s'ensuyvent puis apres, et choses semblables. C'est que nous eu serons tous consommez en la fin. Il faut donc que le diable ait bien oste toute raison a ceux qui se iettent ainsi et se precipitent en leurs haines excessives, puis qu'ils ne peuvent se moderer en facon que ce soit. Brief, sainct Paul monstre quand il n'y auroit point de Loy de Dieu, que nous ne craindrions point de l'offenser, encores si nous estions bien advisez, que nous eussions quelque goutte de prudence, si devrions-nous estre retenus aucunement pour ne point nous escarmoucher, et pour faire ainsi la guerre l'un a l'autre. Or nous tendons a nostre perdition comme de propos delibere: et cfta est contre nature. Voila donc les hommes qui sont endiablez quand ils s'allument ainsi, tellement qu'ils ne cerchent que leur ruine. Et pourquoy haissons nous nos ennemis? Il faut bien que nous lascbions la bride a nos affections: mais voici nostre excuse, O, ils me veulent mal, et le procurent, et l'ont fait. Et bien, et cependant quoy? Que gagneras-tu quand tu auras fait d'un diable deux (comme on dit) et que tu ne cercheras sinon d'allumer le feu encores tant plus de celuy qui est desia assez enflamme? Et ce sera pour Paigrir et le faire enrager au double. Puis qu'ainsi est donc, que tu saches que la fin sera la perdition de l'un et de l'autre. Or il est vray que si nous n'avions esgard qu'a ceste raison, ce ne seroit point assez: car en cela nous serions par trop charnels. Si ie m'abstiens de toute haine, d'autant que cela me seroit nuisible, tousiours ie cerche mon profit. Or Dieu veut que nous fermions tousiours les yeux quant au regard de nos personnes, et que nous reiettions toute malvueillance et tout debat: que cela soit mis sous le pied. Et pourquoy? Afin qu'il ait toute maistrise pardessus nous. Et combien que les hommes par leur malice nous donnent occasion de les hair, toutesfois puis que Dieu nous a conioints ensemble, que nous demourions en ceste union-la. C'est donc l'hommage qu'il nous faut faire a. Dieu, de renoncer a nous-mesmes, a fin d'aimer ceux qui nous haissent. Au reste (comme i'ay desia touche) ceste admonition n'est point superflue : car sainct Paul veut