21:21 21 I. THEODORE DE BESZE AU LECTEUR CHRESTIEN salut et paix en nostre Seigneur. S'ils eust pleu a Dieu nous garder plus long temps son fidele serviteur M. Iean Calvin, ou plustost si la perversite du monde n'eust esmeu le Seigneur a le retirer si tost a soy, ce ne seroit ici le dernier de ses travaux esquels il s'est tant fidelement et tant heureusement employe pour l'advancement de la gloire d'iceluy et pour l'edification de l'Eglise. Et mesmes maintenant ce Commentaire ne sortiroit point sans estre comme couronne de quelque excellente Preface, ainsi que les autres. Mais ii luy en prend comme aux povres orphelins, qui sont moins advantagez que leurs freres, d'autant que leur pere leur est failli trop tost. Cependant ie voy cest orphelin sorti de si bonne maison, graces a Dieu, et si fort representant son pere, que sans autre tesmoignage il se rendra de soy-mesmes non seulement agreable mais aussi treshonorable a tous ceux qui le verront. Et pourtant aussi n'a ce pas este mon intention [page 2] de le recommander par ce mien tesmoignage (car quel besoin en est-il?) mais plustost me lamenter avec luy de la mort de celuy qui nous a este un commun pere, et a luy et a moy, pource que ie ne le puis ni doy moins estimer mon pere en ce que Dieu m'a enseigne par luy, que ce livre, et tant d'autres, d'avoir este escrits par luy-mesmes. Ie me lamenteray donc, mais ce ne sera sans consolation. Car ayant esgard a celuy duquel ie parle, ie l'auroye trop peu aime vivant ici bas, si la felicite en laquelle il est maintenant recueilli ne changeoit la tristesse de sa perte en esiouissance de son gain: et aurois mal fait mon profit de sa doctrine tant saincte et admirable, de sa vie tant bonne et entiere, de sa mort tant heureuse et Chrestienne,