7:208 ilz se doyvent conformer tous. Et quand il n'y auroit autre chose que l'admonition qu'il nous faict aux Galates, de ne point abuser de nostre liberte pour nous desborder en licence charnelle: ce seroit desia bien assez suffisante restriction pour prevenir l'impudence de ces chiens, [page 144] qui reiectent ainsi tout ioug, se donnans conge de vivre sans loy ne sans reigle. La semblable remonstrance nous est faicte par sainct Pierre, quand il dict que la liberte spirituelleL) que le Seigneur Iesus nous a acquise ne nous doit pas estre un voile de meschancete. Or comment cela se peut il faire, sinon qu'estans delivrez de la rigueur de la loy, pour n'estre plus maudictz par icelle devant Dieu, nous vivions neantmoins selon icelle: veu qu'elle ne laisse point de nous estre bonne doctrine et salutaire, ia soit qu'elle n'exerce plus sur nous telle severite, comme elle faict sur les infideles. Voila le beau commencement que tiennent les Libertins, a traicter la liberte Chrestienne. L'escriture nous monstre consequemment, que les ceremonies anciennes sont abolies, et pourtant que nous ne sommes plus tenus a l'observation d'icelles (Col. 2, 16): et en general que noz consciences ne sont point astreinctes aux choses externes: mais plustost qu'elles sont toutes en nostre subiection: et ainsi, qu'on [page 145] ne nous y peut imposer necessite. Ces estourdis prennent ceste doctrine generalement, comme si elle s'estendoit a toutes choses, mesme a celles que nostre Seigneur requiert de nous estroictement, et sans lesquelles nulle sainctete n'honnesfcete de vie ne peut consister. Pour plus facile declaration nous prendrons les sentences de l'escriture, lesquelles ilz pervertissent en les tournant a leur phantasie. Sainct Paul dict que toutes choses luy sont licites (1 Cor. 6, 12; 10, 23). Tout homme de sens rassis, voit a quel propos. La circonstance aussi du passage le monstre clairement. Car il est question des choses externes: comme de manger de la chair consacree aux idoles: moyennant qu'il n'y ait point de superstition. Pourtant que cela est indifferent, sainct Paul confesse qu'il est bien licite de soy: mais que l'usage en doit estre reigle a edification. Ces demoniacques en font une sentence generale, pretendans soubz ombre de cela, qu'il n'y ait rien defendu a l'homme Chrestien. Comme si sainct Paul entendoit [page 146] qu'il fust licite de paillardes desrober et meurtrir. Mais quoy? Ia soit qu'ilz se mocquent de toute l'escriture quand bon leur semble, ilz font icy semblant de s'arrester aux motz. Celuy qui nomme tout, disent-ilz, n'exclud rien. Mais il convenoit regarder le subiect dont il traicte, non pas s'es- 1) christianam.