29:206 nous avoit donne pour remplir nos ventres, et que rien ne nous eust defailli. Ainsi donc quoy qu'il en soit, apprenons d'invoquer nostre Dieu : si nous avons nourriture, cognoissons que ce n'est pas pour nous y fier, mais c'est pour cognoistre que quand Dieu nous est liberal, qu'il nous faut cognoistre qu'il a desploye ses richesses, d'autant qu'il a le soin de nostre vie. Et quand nous n'aurons point provision suffisante, que nous recourions a luy, sachant qu'il n'est point diminue: et encores qu'il ne monstre point ses largesses a veue d'oeil qu'il a dequoy pour substanter les siens: que nous l'invoquions, et que nous prattiquions ce qui nous a este monstre par nostre Seigneur Iesus Christ, de luy demander nostre pain ordinaire de iour en iour. LE NEUPIESME SERMON SUR LE CHAP. XXXIII. Y. 29, XXXIV Y. 1.6. DU MARDI HE DE IUILLET 1556. Entre les autres propos, qui furent hier exposez, il resta que Moyse remonstroit au peuple d'Israel, qu'il n'y avoit pour lors nulle nation sur la terre semblable a eux, a cause qu'ils estoyent sauver en Dieu. Et ceci est bien a noter: car combien que Dieu par sa vertu et sa grace conserve toutes ses creatures, si est-ce qu'il veut estre cogneu sauveur de son peuple. Quand donc nous sommes sauvez en luy, c'est un privilege qui ne se peut assez exprimer ni magnifier. Car nous ne differons point d'avec les autres pour quelque dignite qui soit en nous, nous n'avons point cela d'heritage: mais il nous vient de la bonte gratuite de Dieu. Et ainsi, toutes fois et quantes qu'il nous est parle de nostre salut, cognoissons d'ou il procede, et que Dieu nous donne ce lustre. Car nous ressemblons a toute la lignee d'Adam: quand nous serons prisez selon nostre nature, nous ne vallons pas mieux que ceux qui sont delaissez de Dieu et reiettez du tout. Pourquoy donc nous a-il choisis, sinon par sa pure bonte? Yoila ce que nous avons a retenir de ce passage : c'est que Dieu veut que sa grace soit tant mieux cogneue, d'autant que le salut n'est point commun en general a tous hommes, mais que c'est un don particulier. Or cependant Moyse declare quel est ce salut, c'est quand Diou est nostre bouclier et nostre defense. Comme s'il disoit, que sans luy nous ne pouvons estre maintenus: car nous sommes exposez a beaucoup de morts, et nous n'avons dequoy resister. C'est comme un homme qui sera assailli de tous