35:2 2 contraire il a proteste qu'il estoit un povre pecheur: mais tant y a qu'il ne vouloit point se condamner a l'appetit de ceux qui iugeoyent mai de son affliction. L'opinion et phantasie des trois amis de Iob estoit, Voici un homme reprouve de Dieu, d'autant qu'il est si durement traitte. Or il est dit que nous devons iuger prudemment de celui que Dieu corrige: car il ne faut pas conclure qu'un chacun soit puni selon ses offenses. Quelquesfois Dieu espargne les meschans, et dissimule a leurs iniquitez: et c'est pour leur condamnation plus griefve, la bonte de Dieu leur sera bien cher vendue, quand il les aura attendus en patience. Si donc quelquesfois Dieu ne fait point semblant de punir ceux qui l'ont merite, ne pensons point pour cela qu'ils en ayent meilleur marche, et ne les iustifions point d'autant que Dieu les espargne. A l'opposite quand nous verrons un homme estre batu des verges de Dieu, n'estimons point pour cela qu'il soit plus meschant que tout le reste du monde: car possible que Dieu veut esprouver sa patience, encores qu'il ne le chastie pas pour ses pechez. Or Iob ne s'est point voulu accorder a la folle doctrine de ses amis: voila pourquoi il leur a semble qu'il se faisoit iuste, combien que sa pensee ne fust point telle. Et ainsi gardons-nous (comme il a este remonstre ci dessus) de prendre une mauvaise querelle (car nous serons aveuglez et nous semblera que si un homme ne s'accorde avec nous, il est tellement condamne qu'il ne faut plus tenir propos avec lui) mais devant qu'entrer en dispute, que nous soyons bien asseurez de la verite. Il n'y a rien pire que de nous haster: nous savons que le proverbe se pratique tousiours, Que la hastivete nous transporte, et qu'il ne sortira d'un iuge hastif, qu'une sentence folle et a l'estourdie. Puis qu'ainsi est, apprenons de nous tenir comme en suspens, iusques a ce que la verite nous soit bien cognue. Et cependant notons qu'il adviendra souvent que 1