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DES
LIBERTINS.
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reprenant
les
autres,
nous
commencions
par
nous:
en
corrigeant
les
delinquens,
nous
soyons
purs
des
crimes
que
nous
corrigeons
en
eux,
pour
monstrer
que
nous
sommes
menez
d'un
vray
zele
de
iustice,
hayssans
le
mal,
tant
en
nous,
comme
aux
autres,
sans
acception
de
personnes.
Or
il
y
a
bien
grande
difference
entre
ces
deux
choses:
de
ne
point
iuger
par
hypocrisie:
ou
ne
point
iuger
du
tout.
Nostre
Seigneur
nous
commande
de
iuger
en
verite,
n'estans
point
plus
severes
envers
noz
prochains,
que
contre
nous
mesmes.
Ces
canailles,
soubz
ombre
de
cela,
veulent
exclurre
et
abolir
tout
iugement,
quelque
raisonnable
qu'il
soit.
Combien
encor
qu'il
ne
s'ensuit
pas,
que
quand
un
hypocrite
reprendra
un
autre
[page
117]
en
se
flatant,
que
pour
cela,
celuy
qui
a
peche
soit
excuse.
Car
le
mal
est
tousiours
a.
condamner.
Mais
le
vice
de
l'hypocrite
est,
qu'il
ne
garde
pas
une
mesure
esgale
envers
soy:
et
qu'en
se
pardonnant
legierement,
il
use
d'une
rigueur
excessive
envers
les
autres.
Or,
comme
iay
dict
du
commencement,
ce
n'est
pas
sans
cause
que
ces
rustres
s'efforcent
de
gaigner
ce
poinct,
d'autant
que
ce
leur
seroit
une
bonne
entree,
quand
ilz
auroyent
persuade
au
monde,
qu'il
ne
faut
rien
trouver
mauvais.
Au
reste
il
faict
bon
d'observer
l'astuce
de
Sathan
en
cest
endroit,
et
considerer
a
quelle
fin
il
pretend.
Outre
ce
que
les
pechez
de
noz
prochains,
et
les
chastiemens
que
Dieu
en
faict,
nous
doyvent
estre
autant
d'advertissemens,
pour
ne
point
provoquer
l'ire
de
Dieu,
il
y
a
aussi
une
autre
chose
requise:
c'est
qu'il
nous
doit
mal
faire
et
devons
sentir
une
douleur
en
nostre
cueur,
de
ce
que
Dieu
est
offense,
et
de
ce
que
l'ame
du
pecheur
va
a.
perdition.
Nous
devons
avoir
un
tel
zele
[page
118]
a,
l'honneur
de
Dieu,
que
quand
il
est
blesse,
nous
en
sentions
une
angoisse,
qui
nous
brusle
le
cueur
(Ps.
69,
10).
Nous
devons
porter
une
telle
affection
a
noz
prochains,
que
quand
nous
les
voyons
en
dangier
de
se
ruiner,
et
principalement
quant
a
l'ame,
nous
soyons
esmeuz
de
pitie
et
compassion.
Sathan,
par
ces
galans,l)
voudroit
rendre
le
monde
stupide,
a,
fin
que
quelque
confusion
que
nous
voyons,
il
ne
nous
en
chaille,
que
nous
ne
soyons
aucunement
touchez
de
voir
le
nom
de
Dieu
estre
blaspheme,
ses
sainctz
commandemens
violez,
les
ames
perdues,
l'iniquite
regner.
Comme
a
la
verite
ce
sont
gaudisseurs,
qui
ne
se
font
que
moquer
de
tout
ce
qui
advient,
sans
rien
prendre
a
cueur,
de
peur
de
se
tuer
de
melancholie,
sinon
quand
on
ne
faict
point
les
choses
a
leur
gre.
Car
adonc
ilz
oublient
toutes
ces
belles
speculations,
de
ne
point
condamner:
et
y
sont
cent
fois
plus
aspres
et
plus
rigoureux
que
les
autres.
Mesme
de
ceux
1)
nebulones.
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