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SUR
LE
DEUTER.
CHAP.
XXXIII.
198
nostre
salut.
Et
voila
pourquoy
Moyse
adiouste,
que
son
habitation
sera
en
haut,
ou,
V
habitation
est
du
Dieu
souverain,
et
que
ses
bras
sont
au
dessous
a
iamais.
Or
il
est
vray
que
ce
mot
d'Habitation
est
expose,
comme
s'il
estoit
dit
que
Dieu
est
la
retraitte
des
siens
:
comme
aussi
il
en
est
parle
au
cantique
de
Moyse,
Pseaume
nonantiesme:
Seigneur,
tu
as
este
de
tout
temps
nostre
retraitte.
Et
ceste
similitude
est
assez
souvent
mise,
pour
monstrer
que
nous
serions
exposez
et
au
vent
et
a
la
pluye,
et
a
chaut,
et
a
froid,
sinon
que
nostre
Seigneur
nous
perservast,
et
que
nous
fussions
logez
sous
ses
aisles.
Ceste
sentence
donc
seroit
bien
convenable
et
utile,
c'est
assavoir
que
l'habitation
du
Dieu
souverain
et
eternel,
que
c'est
une
demeure
certaine:
et
ainsi,
que
nous
avons
a
nous
recueillir
sous
luy,
et
qu'alors
nous
demeurerons
en
seurte,
que
nous
serons
bien
logez,
comme
il
en
est
parle
au
Pseaume
91.
Et
i'ay
dit
que
c'est
une
doctrine
qu'on
voit
quasi
par
tous
les
fueillets
de
l'Escriture
saincte.
Mais
pource
qu'il
y
a
grande
briefvete
aux
mots,
et
qu'il
est
simplement
dit,
^habitation
de
Dieu
eternelle,
tout
reviendra
aussi
a
un,
quand
on
prendra,
que
Dieu
a
sa
demeure
permanente,
qu'il
ne
change
point,
comme
nous
voyons
qu'il
faut
que
nous
soyons
tracassez
ici
bas
en
ce
monde,
que
nous
n'avons
nul
arrest.
Qu'est-ce
que
de
la
vie
des
hommes,
encores
de
ceux
qui
cuident
estre
logez
en
leur
nid,
pour
n'en
bouger
iamais?
si
faut-il
qu'ils
soyent
pourmenez
ca
et
la.
Et
de
faict,
il
ne
se
passe
point
une
minute
de
temps
que
nous
n'ayons
quelque
changement:
encores
qu'un
homme
soit
assis
ou
couche,
si
est-ce
qu'il
porte
tousiours
des
changemens
avec
soy,
et
luy-mesmes
se
change
en
ses
phantasies:
mais
encores
c'est
comme
un
ombre.
Tout
ainsi
que
nous
verrons
l'ombre
qui
voltige
tousiours
pour
se
retirer
d'un
coste,
pour
s'advancer
de
l'autre
:
ainsi
en
est
il
des
hommes
:
il
y
a
(di-ie)
une
agitation
continuelle,
qui
monstre
bien
que
leur
vie
s'escoule.
Or
a
l'opposite
il
est
dit
que
Dieu
a
une
demeure
permanente,
comme
sainct
Iaques
dit,
qu'il
ne
luy
advient
nul
ombrage.
Voila
Dieu
(dit-il)
ou
il
n'y
a
nul
trouble,
qu'il
ne
le
faut
point
accomparer
ni
a
nous,
ni
a
nulles
creatures
:
car
nous
varions,
et
faut
que
nous
soyons
tousiours
nous
mouvant,
qu'il
y
a
une
agitation
qui
nous
transporte
ca
et
la:
mais
en
nostre
Dieu
il
y
a
une
fermete
que
nous
ne
comprenons
point
ici.
En
somme,
l'intention
de
Moyse
a
este
de
monstrer,
que
quand
nous
aurons
nostre
fiance
en
Dieu,
quoy
qu'il
advienne
des
revolutions
tant
et
plus,
et
qu'il
semble
que
le
ciel
se
doive
mesler
avec
la
terre,
qu'auiourd'huy
il
y
ait
un
bruit
de
guerre,
demain
famine,
les
ennemis
approcheront,
qu'il
y
aura
quelque
rencontre
soudaine:
combien
donc
que
nous
soyons
assiegez
de
tant
de
morts,
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