7:194 que nous presentent ces malheureux. Toutesfois ilz ont tousiours ce subterfuge, que rien ne se faict que par la volunte de Dieu. A cela ie respons, que touchant les oeuvres que nous faisons, nous avons a considerer la volunte de Dieu, selon qu'il la nous declaire. Comme, pour exemple, il nous commande de conserver a chacun le sien, sans faire [page 109] tort ne dommage a personne. Voila sa volunte toute claire. Il ne faut plus donc enquerir que c'est qu'il luy plaist. Car en faisant cela, nous savons que nous ferons sa volunte: semblablement nous savons que le contraire luy desplaist. Si donc un homme desrobe, et puis apres dict qu'il n'a rien faict que la volunte de Dieu, il ment faulsement 1) : entant qu'il est contrevenu au commandement par lequel il estoit enseigne d'icelle. On demandera s'il se peut rien faire maugre Dieu. Ie confesse que non. Mais le tout est que nous n'aillions point enquerir sur sa providence, qui nous est secrette: puis que nous savons ce qu'il demande de nous, et ce qu'il approuve ou condamne. Ce n'est pas sans cause, que Salomon dict, que celuy qui espluschera trop avant la maieste, sera accable par sa gloire (Prov. 25, 27). Il faut qu'il en advienne ainsi et que Dieu punisse en telle facon l'arrogance des presomptueux: et nous en avons l'experience en ceux cy, lesquelz voulans monter pardessus les nues, pour chercher [page 110] la volunte de Dieu, au lieu de se tenir a la revelation qui nous en est faicte en la saincte escriture, tombent en des absurditez si brutalles, que c'est horreur que d'en ouyr parler. CHAPITRE XVI. De la troisiesme consequence que tirent les Libertins de ce propos, que Dieu faict tout: c'est qu'il n'est point licite de rien condamner. Apres qu'ilz ont lasche la bride a un chacun, de faire ce que bon luy semble, soubz ombre de se laisser conduire par Dieu: ilz deduisent de ce mesme principe, que c'est mal fait de iuger. Or ilz ne sauroyent avoir doctrine plus propre ne meilleure pour donner ouverture a leurs abominations. Car ilz ont beaucoup gaigne quand ilz ont tellement bende2) les yeux a leurs auditeurs, ou plustost creve, que nul n'entreprenne plus de iuger, si ce qu'ilz disent et qu'ilz font est bon ou mauvais. Mais si nous leur concedons ce poinct, que 1) impudenter. 2) obstruxerunt. 13