7:193
193
DES
LIBERTINS.
194
les
(Eph.
5,
6).
Vous
avez
contriste
l'Esprit
de
Dieu,
dict
Iesaie
(Ies.
63,
10).
Vous
m'avez
moleste,
dict
le
Seigneur
en
un
autre
passage
(Ies.
43,
27).
Item:
le
Seigneur
en
a
este
courrouce
amerement
et
son
ire
s'est
embrasee
en
Israel
(Ies.
42,
25).
Ie
say
bien
que
Dieu
n'est
pas
subiect
a
passions
humaines.
Mais
toutes
ces
locutions
signifient,
que
il
reprouve
le
mal
et
le
condamne:
et
pourtant,
que
le
pecho
est
cause
d'inimitie
entre
luy
et
nous:
et
que
nous
ne
pouvons
avoir
convenance
avec
luy,
en
faisant
mal
(Ies.
59,
2;
Ps.
5,
5):
mais
que
plustost
nous
attendions
qu'il
nous
punira,
d'autant
qu'il
est
iuste
iuge,
qui
ne
peut
porter
l'iniquite.
On
ne
voit
quasi
autre
chose
par
toute
l'Escriture
que
ces
exhortations:
Crains
le
Seigneur,
advise
de
ne
le
point
offenser.
Contregarde
toy
du
mal.
Ces
enragez
disent
de
l'autre
coste:
Ce
est
follie
de
craindre
d'offenser
Dieu,
veu
que
[page
107]
nous
ne
faisons
ne
bien
ne
mal,
mais
luy
faict
tout
en
nous.
Sainct
Paul
remonstre
que
les
payens
mesmes,
estans
sans
doctrine
et
sans
escriture,
ont
une
loy
imprimee
en
leurs
cueurs,
qui
est
leur
conscience,
par
laquelle
ilz
s'accusent
ou
defendent
en
la
presence
de
Dieu
(Rom.
2,
14).
Ces
malheureux
la
veulent
effacer:
disans
qu'il
n'y
a
rien
dequoy
on
se
puisse
accuser,
veu
que
Dieu
faict
tout.
Comment
auroyent
ilz
honte
de
renverser
l'Escriture,
veu
qu'ilz
sont
si
hardis
d'oster
du
cueur
de
l'homme
ceste
persuasion,
que
Dieu
a
engravee
de
nature
en
nous
tous?
Si
nous
voulons
alleguer
ignorance
pour
nous
excuser:
Dieu
nous
renvoye
a
nostre
conscience,
laquelle
est
suffisante
pour
testifier
contre
nous.
Ces
phrenetiques,
en
supprimant
ce
tesmoignage,
disent
qu'il
faut
que
Dieu
s'accuse
le
premier,
s'il
nous
veut
accuser:
veu
qu'il
faict
tout
en
nous.
Moyse
appelle
cela
(Deut.
29,
18)
une
racine
germinant
fiel
et
aloine,
1)
quand
par
flatteries
nous
taschons
d'assopir
tous
remors,2)
et
nous
faire
a
croire
que
[page
108]
le
mal
n'est
que
ieu.
Et
de
vray,
quelle
pire
et
plus
mortelle
poison
y
pourroit
il
avoir
au
monde?
Il
appelle
aussi
cela
adiouster
yvrongnerie
avec
la
soif.
Et
a
bon
droict.
Car
nostre
affection
naturelle,
n'est
sinon
un
appetit
desordonne,
et
comme
affame
de
mal
faire.
Quand
donc
nous
venons
a
nous
benir,
comme
il
dit
la,
et
nous
faire
a
croire
que
nous
aurons
paix
en
mal-vivant:
c'est
comme
si
un
homme
fort
altere
s'enyvroit,
pour
ne
plus
avoir
de
sentiment,
au
lieu
qu'il
devroit
refrener
son
alteration
par
sobriete
et
abstinence.
C'est
un
beau
passage,
pour
nous
advertir
quelle
amertume
est
cachee
soubz
le
miel
1)
aluine
1611
(absynthium).
2)
omnem
synteresin.
Calvini
opera.
Vol
VIL
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