35:19 19 SERMON CXX 20 que les ieunes gens portent aux plus aagez ne doit pas empescher que tousiours la verite ne soit maintenue, que Dieu ne soit honore, et que les vices ne soyent reprimez. Oar il pourra advenir que les plus aagez seront destituez de l'Esprit de Dieu, ou gens malins qui n'auront en eux que fraude et desloyaute: ou bien ce seront gens opiniastres ou escervelez. Alors faut-il que les ieunes gens soyent tellement retenus sous le ioug, que par l'autorite des anciens ils soyent destournez de Dieu, et de sa parole, et de ce qui est bon et sainct? Nenny. Ains] donc notons que ceste modestie n'emporte pas que les ieunes gens s'abbrutissent,^ pour ne rien iuger ne savoir: mais il suffit qu'ils ne presument point d'eux-mesmes, pour s'escarmoucher et ietter leurs escumes devant le temps. Qu'ils escoutent, qu'ils soyent dociles, qu'ils soyent tousiours prests de faire silence, quand quelque bon propos sera mis en avant: et mesmes qu'ils se gardent d'occuper la place d'autruy. Ont-ils fait cela? S'ils voyent que les anciens ne monstrent pas bon exemple, mesmes qu'ils pervertissent le bien le tournans en mal : alors il faut (comme i'ay desia dit) que l'Esprit de Dieu se monstre ou il sera. Comme de nostre temps, ceux qui avoyent este nourris aux superstitions de la Papaute, d'autant plus qu'ils avoyent vescu au monde, tant moins avoyent-ils de doctrine. Or d'attendre que Dieu se fust voulu servir d'eux, il n'estoit pas besoin: ie di du commun. Voila donc les gens aagez qui avoyent eu longue experience. Mais quoy? Ils ont este plongez en tenebres, il n'y a eu nulle cognoissance de Dieu, nulle purete de religion. Qu'est-ce donc que l'aage pouvoit apporter a. telles gens, sinon une opiniastrete plus grande? Car ils ont este confits en erreurs, ils y ont este adonnez tellement qu'il sembloit qu'il n'y eust moyen de les reduire. Or si Dieu a voulu appeler des ieunes gens, qui fussent pour mettre en avant sa parole, il ne falloit pas que le sainct Esprit fust ainsi bride, et que les ieunes gens ne parlassent, et que les anciens ne fussent prests de les ouir. Il est vray que Dieu encores s'est voulu servir des anciens, comme il en a appelle de toutes sortes : mais tant y a qu'il a declare que sa verite n'estoit point attachee a l'aage. Ainsi donc nous voyons maintenant quelle modestie doit estre en tous hommes generalement, et aux ieunes sur tout: c'est a savoir qu'ils se rendent paisibles pour apprendre tant que l'occasion leur sera donnee, et qu'ils n'appetent point de se faire valoir, qu'ils n'ayent point une folle cupidite de monstre: mais qu'en silence ils recoivent ce qui sera mis en avant par les autres, et qu'ils ne se prisent pas tellement qu'ils ne cognoissent qu'ils ont besoin d'estre conduits et gou-