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DES
LIBERTINS.
19a
que
l'escriture
nous
monstre
tant
evidemment
que
merveilles.
*)
Car
tout
ainsi
qu'elle
prononce
que
Dieu
sifflera
(Es.
5,
26),
et
quasi
sonnera
le
tam-
"bourin
pour
faire
sortir
en
armes
les
infideles,
et
qu'il
endurcira
ou
enflambera
leurs
cueurs:
aussi
elle
ne
laisse
point
de
racompter
leur
propre
conseil
et
voulente
qu'ilz
ont
eue:
et
leur
attribue
l'oeuvre
qu'ilz
ont
faicte
par
l'ordonnance
de
Dieu.
La
seconde
exception
a
laquelle
n'ont
point
d'esgard
ces
malheureux
est
qu'il
y
a
bien
grande
diversite
entre
l'oeuvre
de
Dieu,
et
celle
d'un
homme
meschant,
quand
il
s'en
sert
pour
un
instrument.
Car
le
meschant
[page
97]
est
incite
ou
de
son
avarice,
ou
d'ambition,
ou
d'envie,
ou
de
cruaute
a
faire
ce
qu'il
fait,
et
ne
regarde
a
autre
fin.
Pourtant
selon
la
racine
qui
est
l'affection
du
cueur,
et
le
but
ou
il
pretend,
l'oeuvre
est
qualifiee,
et
a
bon
droict
est
iugee
mauvaise.
Mais
Dieu
a
un
regard
tout
contraire.
C'est
d'exercer
sa
iustice
pour
le
salut
et
conservation
des
bons,
d'user
de
sa
bonte
et
grace
envers
ses
fideles,
de
chastier
ceux
qui
l'ont
merite.
Voila
donc
comme
il
faut
discerner
entre
Dieu
et
les
hommes,
pour
contempler
en
une
mesme
oeuvre
sa
iustice,
sa
bonte,
son
iugement:
et
de
l'autre
coste
la
malice
tant
du
diable
que
des
infideles.
Prenons
un
beau
miroir
et
clair
pour
voir
tout
ce
que
ie
dis.
Quand
Iob
a
les
nouvelles
de
la
perte
de
ses
biens,
de
la
mort
de
ses
enfans,
de
tant
de
calamitez
qui
luy
sont
advenues,
il
recongnoist
que
c'est
Dieu
qui
le
visite,
disant:
Le
Seigneur
m'avoit
donne
toutes
ces
choses,
il
me
les
a
ostees.
Et
a
la
verite,
aussi
avoit
il.
Mais
ce
pendant
ne
savoit
il
pas
bien
que
le
diable
luy
[page
98]
avoit
brasse
ce
potaige?2)
N'estoit
il
pas
adverty
que
les
Chaldeens
avoyent
vole
et
pille
son
bestial?
Louoit
il
les
voleurs
et
brigans,
ou
s'il
excusoit
le
Diable,
pource
que
l'affliction
luy
estoit
venue
de
Dieu?
Non.
Car
il
savoit
bien
qu'il
y
avoit
grand
difference.
Ainsi
en
condamnant
le
mal,
il
disoit:
Que
le
nom
du
Seigneur
soit
benie
t.
Pareillement,
David
estant
persecute
de
Semei,
dit
bien
qu'il
recoit
cela
de
Dieu
(2
Sam.
16,
11
s.):
et
voit
bien
que
ce
meschant
est
une
verge
par
laquelle
Dieu
le
chastie.
Mais
en
louant
Dieu,
il
ne
laisse
point
de
condamner
puis
apres
Semei
(1
Rois
2,
9).
Et
de
cela
il
en
faudra
encor
traicter
en
un
autre
lieu.
Pour
le
present,
qu'il
nous
suffise
d'avoir
cecy:
que
Dieu
besongne
tellement
par
ses
creatures,
et
les
faict
servir
a.
sa
providence,
que
l'instrument
dont
il
s'ayde,
ne
laisse
point
d'estre
souvent
mauvais:
et
que
ce
qu'il
tourne
la
malice
de
Sathan
et
des
hommes
meschans
a
bien
n'est
pas
pour
les
excuser
ou
1)
apertissime.
2)
eam
ipsi
cudisse
fabam.
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