29:184 reigler, nous n'aurons point tesmoignage de sa volonte: que tout ce que nous pourrons alleguer sera frivole. Et pourquoy? Nous ne sommes pas mis en ce monde, sinon pour faire hommage a Dieu de nostre vie. Or si nous le voulons servir sans feintise, il faut que cela se monstre en l'obeissance que nous rendons a sa parolle. Voila donc en somme ce que nous avons a recueillir de ce passage. Or il est dit qu'il suyvra les Princes d'Israel pour faire la iustice de Dieu et son iugement. Par ceci Moyse monstre que Gad ne sera point destourne par les commoditez qu'il avoit: car il avoit desia prins certain domicile, il estoit en lieu de repos : toutesfois qu'il ne laissoit point d'aller, pour souffrir froid et chaut, pour coucher sur la dure, (comme on dit) pour suyvre la guerre, pour s'exposer a tout danger, pour souffrir tous les travaux et toutes les peines de la guerre: puis qu'il ne laissoit point de servir a Dieu en sa vocation, voila en quoy il est excuse. Or nous avons a recueillir un bon advertissement de ce passage: c'est qu'alors nous pourrons iouyr des advantages que Dieu nous fait, quand nous ne serons point retenus de nous acquitter de nostre devoir, et de nous employer fidellement en ce qu'il nous ordonne: et encores qu'une chose nous soit licite, si est-ce que nous en abusons, quand nous sommes retardez de cheminer la ou nostre Seigneur nous monstre. Et en ceci voyons-nous qu'il y en a bien peu auiourd'huy qui ne soyent coulpables de pervertir le vray et droit usage de tous les biens que Dieu leur fait. Nous pourrons bien dire que nous n'avons point desrobe, nous possederons ce que Dieu nous a donne par iuste moyen : mais cependant qui est celuy qui ne soit par trop occupe de sollicitudes terriennes, quand il aura des biens et des possessions? quiest celuy qui ne s'y plonge par trop, et qui n'y soit trop arreste? qui est celuy qui n'y soit adonne tellement, qu'il ne pense plus a la vie celeste? On en voit tant qui sont refroidis quand Dieu leur a donne des biens: les autres sont quasi du tout stupides. Et des riches, combien en trouvera-on qui soyent disposez de s'adonner du tout a Dieu? Mais on les voit estre retenus de liens et de cordeaux, qu'ils ne sauroyent point marcher un pas pour aller droit, d'autant que les biens les empeschent. Et mesmes la on voit une condamnation manifeste: qu'il ne faut point cercher d'excuse pour faire bouclier devant Dieu. Bref, si tost que Dieu nous donne quelque avantage en ce monde, ou quelque commodite, nous sommes comme attachez ici bas, et reculons de luy, au lieu d'en approcher: nous ne pouvons point marcher un seul pas pour alkraluy, nous sommes tant lasches a nostre office que c'est pitie. Et nous voyons qu'a grand' peine ia centiesme partie se delibere-elle de suyvre Dieu: