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EPISTRE
AU
LECTEUR
172
nul
ne
peut
chanter
choses
-dignes
de
Dieu,
sinon
qu'il
ait
receu
d'iceluy:
parquoy
quand
nous
aurons
bien
circuy
par
tout
pour
cercher
ca
et
la,
nous
ne
trouverons
meilleures
chansons
ne
plus
propres
pour
ce
faire,
que
les
Pseaumes
de
David:
lesquell
le
sainct
Esprit
luy
a
dicts
et
faits.
Et
pourtant,
quand
nous
les
chantons,
nous
sommes
certains
que
Dieu
nous
met
en
la
bouche
les
parolles,
comme
si
luy-mesmes
chantoit
en
nous
pour
exalter
sa
gloire.
Parquoy
Chrysostome
exhorte
tant
hommes
que
femmes
et
petis
enfans,
de
s'accoustumer
a
les
chanter,
afin
que
cela
soit
comme
une
meditation
pour
s'associer
a
la
compagnie
des
Anges.
Au
reste,
il
nous
faut
souvenir
de
ce
que
dit
S.
Paul,
que
les
chansons
spirituelles
ne
se
peuvent
bien
chanter
que
de
cueur.
Or
le
cueur
requiert
V
intelligence.
Et
en
cela
(dit
sainct
Augustin)
gist
la
difference
entre
le
chant
des
hommes
et
celuy
des
oyseaux.
Gar
une
Linote,
un
Boussignol,
un
Papegay,
chanteront
bien,
mais
ce
sera
sans
entendre.
Or
le
propre
don
de
Vhomme
est
de
chanter,
sachant
qu'il
dit:
apres
V
intelligence
doit
suivre
le
cueur
et
V
affection,
ce
qui
ne
peut
estre
que
nous
n'ayons
le
cantique
imprime
en
nostre
memoire
pour
ne
iamais
cesser
de
chanter.
Pour
ces
raisons
ce
present
livre
mesme
pour
ceste
cause,
oultre
le
reste
qui
a
este
dit,
doit
estre
en
singuliere
recommandation
a
chascun
qui
desire
se
resiouyr
honnestement
et
selon
Dieu,
voire
a
son
salut
et
au
pr
o
f
fit
de
ses
prochains.
Et
ainsi
n'a
point
de
mestier
d'estre
beaucoup
recommande
de
par
moy,
veu
qu'en
soymesmes
il
porte
son
pris
et
son
los:
seullement
que
le
monde
soit
si
bien
advise
qu'au
lieu
de
chansons
en
partie
vaines
et
frivolles,
en
partie
sottes
et
lourdes,
en
partie
salies
et
vilaines,
et
par
consequent
mauvaises
et
nuysibles,
dont
il
a
use
par
cy
devant,
il
s'accoustume
cy
apres
a
chanter
ces
divins
et
celestes
Cantiques
avec'le
bon
Roy
David.
Touchant
de
la
melodie,
il
a
semble
advis
le
meilleur
qu'elle
fust
moderee,
en
la
sorte
que
nous
V
avons
mise
pour
emporter
poids
et
maieste
convenable
au
subiect,
et
mesme
pour
estre
propre
a
chanter
en
l'Eglise
selon
qu'il
a
este
dict.
De
Geneve,
ce
10
de
luing.
M
D
XLIII,
|