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DES
LIBERTINS.
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Ainsi
ilz
se
cachent
par
astuce
soubz
ces
ambages,
comme
brigans
en
leurs
cavernes.
Et
ce
sont
ces
hautz
propos
que
sainct
Pierre
et
sainct
Iude
accomparent
a
des
escumes
ou
bouillons
(2
Pierre
2,
18;
Iude
IG):
d'autant
que
puis
apres
ilz
n'ont
point
de
suite:
mais
en
pensant
esgarer
le
sens
des
autres
par
leur
haut
style
,
ilz
se
transportent
euxmesmes,
de
sorte
qu'ilz
n'entendent
rien
a
ce
qu'ilz
babillent.
Il
me
souvient
qu'une
fois
en
grande
compagnie,
Quintin
voyant
que
ie
luy
rabatois
son
caquet
trop
vivement,
et
voulant
decliner
la
luicte,
me
dist
quo
ie
trouvois
son
propos
mauvais,
par
faute
de
l'entendre.
A
quoy
ie
luy
respondis,
que
i'en
entendoye
un
peu
plus
que
luy
:
d'autant
qu'il
ne
savoit
du
tout
qu'il
disoit:
et
moy
ie
[page
48]
congnossoye
pour
le
moins
qu'il
vouloit
embabouiner
1)
le
monde
de
follies
absurdes
et
dangereuses.
Et
de
faict
on
le
trouvera
ainsi
qu'ilz
se
fourrent
si
profond
en
leurs
folles
speculations,
et
s'y
enveloppent
tellement
qu'ilz
ne
savent
ou
ilz
en
sont
et
ne
touchent
ne
ciel
ne
terre.2)
Que
ce
soit
donc
une
marque
pour
les
discerner,
quand
on
les
orra
ainsi
parler,
ou
plustost
gasouiller,
que
on
n'y
entendra
que
le
haut
Allemant.3)
Car
la
langue
est
creee
de
Dieu
pour
exprimer
la
cogitation,
a
ce
que
nous
puissions
communiquer
ensemble.
Pourtant
o'est
pervertir
l'ordre
de
Dieu,
debattre
l'air
d'un
son
confus,
lequel
ne
soit
entendu:
ou
circuir
par
ambages
a
l'entour
du
pot,
pour
faire
resver
les
auditeurs,
et
puis
les
laisser
en
tel
estat.
D'avantaige,
quant
a
traicter
les
mysteres
de
Dieu,
l'Escriture
nous
est
pour
reigle.
Suyvons
donc
le
language
qu'elle
nous
monstre
sans
extravaguer.
Car
le
Seigneur
sachant
bien
que,
s'il
parloit
a
nous
selon
qu'il
convient
a
sa
maieste,
nostre
intelligence
(page
49]
n'est
point
capable
d'atteindre
si
haut,
s'accommode
a
nostre
petitesse:
et
comme
une
nourrisse
begaye
avec
son
enfant,
aussi
il
use
envers
nous
d'une
facon
grossiere
de
parler,
a
fin
d'estre
entendu.
Celuy
donc
qui
renverse
cest
ordre,
ne
tasche
sinon
d'ensevelir
la
verite
de
Dieu:
laquelle
ne
peut
estre
eongneue,
qu'en
la
facon
qu'il
la
nous
a
voulu
reveler.
Voila
pourquoy
il
nous
faudra
travailler
de
deschifrer
leurs
ambages,
a
fin
de
les
tirer
comme
par
force
a
la
clarte
:
et
que
par
ce
moyen
leurs
abominations,
lesquelles
ilz
s'estudient
de
cacher,
soyent
descouvertes
a
tout
le
monde.
Semblablement
il
faut
que
chacun
chrestien
soit
adverty,
quand
il
les
orra
ainsi
gergonner,
de
leur
coupper
incontinent
la
broche,
et
leur
dire:
Ou
parlez
le
langage
que
le
Seigneur
nous
a
1)
fascinare.
2)
sic
involvere,
ut
neque
coelum
neque
terra
illis
appareat.
3)
ut
nihil
intelligi
possit.
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