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EPISTRE
ATT
LECTEUR.
168
ce
a
este
une
trop
grande
impudence
a
ceux
qui
ont
introduict
la
langue
Latine
par
les
Eglises,
ou
elle
n'estoit
communement
entendue.
Et
n'y
a
subtilite
ne
cavillation,
qui
les
puisse
excuser,
que
ceste
faceon
ne
soit
perverse
et
deplaisante
a
Dieu.
Car
il
ne
fault
presumer,
qu'il
ait
aggreable
ce
qui
se
faict
directement
contre
son
vouloir,
et
comme
par
despit
de
luy.
Or,
on
ne
le
scauroit
plus
despiter,
que
d'aller
ainsi
alencontre
de
sa
defence,
et
se
glorifier
en
ceste
rebellion,
comme
si
c'estoit
une
chose
saincte
et
fort
louable.
Quand
est
des
Sacremens,
si
nous
regardons
bien
leur
nature,
nous
congnoistrons,
que
c'est
une
coustume
perverse
de
les
celebrer
en
telle
sorte,
que
le
peuple
n'en
ayt
sinon
la
veue,
sans
exposition
des
mysteres
qui
y
sont
contenuz.
Car
si
ce
sont
parolles
visibles,
comme
sainct
Augustin
les
nomme,
il
ne
faut
pas
qu'il
y
ait
seulement
un
spectacle
exterieur:
mais
que
la
doctrine
soit
conioincte
avec,
pour
en
donner
intelligence.
Et
aussi
nostre
Seigneur,
en
les
instituant,
a
bien
demonstre
cela.
Car
il
dit,
que
ce
sont
tesmoignages
de
l'alliance
qu'il1
a
faicte
avecque
nous
et
qu'il
a
confermee
par
sa
mort.
Il
fault
bien
donc,
pour
leur
donner
lieu,
que
nous
scachions
et
congnoissions,
ce
qui
y
est
dict.
Aultrement
ce
seroit
en
vain,
que
nostre
Seigneur
ouvriroit
la
bouche
pour
parler,
s'il
n'y
avoit
aureilles
pour
escouter.
Combien
qu'il
n'est
ia
mestier
d'en
faire
longue
dispute.
Car
quand
la
chose
sera
iugee
de
sens
rassis,
il
n'y
aura
celuy,
qui
ne
confesse,
que
c'est
une
pure
bastellerie,
d'amuser
le
peuple
en
signes,
clont
la
signification
ne
luy
soit
point
exposee.
Parquoy
il
est
facile
de
veoir
qu'on
prophane
les
Sacremens
de
Iesus
Christ,
les
administrant
tellement,
que
le
peuple
*
ne
comprenne
point
les
parolles,
qui
y
sont
dictes.
Et
de
faict,
on
veoit
les
superstitions
qui
en
sont
sorties.
Car
on
estime
communement,
que
la
consecration,
tant
de
l'eaue
au
Baptesme,
que
du
pain
et
du
vin
en
la
Cene
de
nostre
Seigneur,
soit
comme
une
espece
d'enchantement.
C'est
a
dire
quancl
on
a
souffle
et
prononce
de
bouche
les
parolles,
que
les
creatures
insensibles
en
sentent
la
vertu,
encores
que
les
hommes
n'y
entendent
rien.
Or,
la
vraye
consecration
est
celle
qui
se
faict
par
la
parolle
de
Foy,
quand
elle
est
declaree
et
receue,
comme
dit
sainct
Augustin.l)
Ce
qui
est
expressement
comprins
aux
parolles
de
Iesus
Christ.
Car
il
ne
dict
pas
au
pain,
qu'il
soit
fait
son
corps:
mais
il
adresse
sa
parolle
a
la
compagnie
des
fideles,
disant:
Prenez
mangez
etc.
Si
nous
voulons
donc
bien
celebrer
le
Sacrement,
il
nous
fault
avoir
la
doctrine
par
laquelle
ce
qui
y
est
signifie
nous
soit
declaire.
Ie
scay
bien
que
cela
semble
advis
fort
estrange
a
ceux
qui
ne
l'ont
pas
accoustume:
comme
il
en
advient
en
toutes
choses
nouvelles.
Mais
c'est
bien
raison
si
nous
sommes
disciples
^ie
Iesus
Christ,
que
nous
preferions
son
institution
a
nostre
coustume.
Et
ne
nous
doit
pas
sembler
advis
nouveau,
ce
qu'il
a
institue
des
le
commencement.
Si
cela
ne
peult
encores
entrer
en
l'entendement
d'un
chascun,
il
nous
fault
prier
Dieu,
qu'il
luy
plaise
illuminer
les
ignorans,
pour
leur
faire
entendre,
combien
il
est
plus
sage
que
tous
les
hommes
de
la
terre,
afin
qu'ilz
apprennent
de
ne
s'arrester
plus
a
leur
propre
sens,
ny
a
la
sagesse
folle
et
enragee
de
leurs
conducteurs,
qui
sont
aveugles.
Cependant,
pour
l'usage
de
nostre
Eglise,
il
nous
a
semble
advis
bon,
de
faire
publier
comme
un
formulaire
des
prieres
et
des
Sacremens:
afin
que
chascun
recongnoisse,
ce
qu'il
oyt
dire
et
faire
en
l'assemblee
Chrestienne.
Combien
que
ce
Livre
ne
profitera
pas
seulement
au
peuple
de
ceste
Eglise:
mais
aussi
a
tous
ceux
qui
desireront
scavoir,
quelle
forme
doyvent
tenir
et
suyvre
les
fideles,
quand
ilz
convienent
au
Nom
de
Iesus
Christ.
Nous
avons
donc
recueilly
en
un
sommaire
la
faceon
de
celebrer
les
Sacremens
et
sanctifier
le
mariage:
semblablement
des
prieres
et
louenges,
desquelles
nous
usons.
Nous
parlerons
puis
apres
des
Sacremens.
Quant
est
des
prieres
publiques,
il
y
en
a
deux
especes.
Les
unes
se
font
par
simple
parolle:
les
aultres
avec-
1)
Homil.
80
in
Ioann,
etc
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