29:167 167 SERMON CXOVI. 168 toute sobriete, et que nous n'y soyons point par trop occupez. Cependant s'il ne nous en veut point donner, que nous portions la povrete patiemment, et que nous passions outre. Et cependant que nous prenions tel contentement et repos en ces biens spirituels que Dieu nous eslargit, quand il luy plaist nous certifier qu'il est nostre pere, quand il nous appelle iournellement a soy, qu'au nom de nostre Seigneur Iesus Christ il nous declare que nous pourrons trouver grace envers luy: quand donc nous avons cela, qu'il nous suffise, et que nous ne mesprisions point les povretez, les fascheries et les troubles que nous aurons en ce monde: et cependant que nous ne portions point d'envie a ceux qui sont ici mieux traittez: et quand nous verrons les incredules estre a leur aise, avoir toutes leurs voluptez, et que rien ne leur defaut: et bien regardons a la lignee d'Ephraim, regardons a l'abondance de ces deux lignees, tant d'Ephraim que de Manasse. Ils ont este repeus a leur plaisir: mais quoy? Ils ont gourmande les biens de Dieu, et s'en sont estranglez a cause de leur ingratitude. Ainsi donc que cela soit pour nous retenir, a ce que nous ne portions point d'envie a ceux quo Dieu traitte ainsi liberalement en ce monde, et envers lesquels il se monstre large: que ce ne soit point pour nous fascher. Et pourquoy? Car nous avons les biens qui vallent beaucoup mieux, c'est assavoir ce qui concerne nostre salut. Car puis que Dieu commence par son S. Esprit de besongner en telle sorte en nous, que nous aspirions a ces richesses celestes, ausquelles de iour en iour il nous appelle, iusques a ce que nous en ayons la pleine iouissance a la venue de nostre Seigneur Iesus Christ. LE SIXIESME SERMON SUR LE CHAP. XXXIII. V. 18.19. DU VENDREDI 3B DE IDILLET 1556. Nous vismes hier en la benediction de Ioseph, comme Moyse rapportoit tout a la grace de Dieu ce que les hommes ont accoustume souvent d'attribuer a fortune. Et c'est une doctrine qui est bien a noter, a cause de nostre ingratitude: que si nous ne sommes contraints de recognoistre la bonte de Dieu, elle sera tousiours ensevelie par nouR, et cercherons ici bas des choses pour nous amuser, tellement qu'apres que Dieu nous aura donne assez d'occasion de magnifier sa grace, si est-ce que nous n'en tenons conte. Il faut donc que nous soyons admonnestez d'eslever nos sens et nos esprits